: Vidéo "J'avais peur avant de les rencontrer": la réalisatrice de "Revenantes" a écouté des femmes revenues de Syrie
La documentariste Marion Stalens a recueilli les témoignages de femmes qui s'étaient installées en Syrie pour suivre l'Etat islamique. Son documentaire est diffusé mardi 16 janvier dans "Infrarouge", sur France 2.
Elles se prénomment Laura, Marie ou Emma. Un jour, elles se sont converties à l'islam. Puis elles ont été embrigadées et se sont radicalisées. Certaines d'entre elles ont fini par rejoindre la Syrie et les jihadistes de l'Etat islamique dans leur fief de Raqqa. Elles en sont revenues, après une prise de conscience. Toutes ont accepté de raconter leur parcours devant la caméra de la réalisatrice Marion Stalens. Leurs témoignages sont réunis dans un documentaire, "Revenantes", diffusé mardi 16 janvier à 23h15 dans "Infrarouge" sur France 2.
"J'ai réussi à les convaincre de ma bienveillance, de ma volonté de ne pas les trahir, de transmettre le message qu'elles avaient envie de faire passer. Leur message, c'était justement qu'elles s'étaient fourvoyées", explique à franceinfo la documentariste.
"Elles tentent de se relever après un cauchemar"
Dans ce documentaire, ces femmes ne cachent rien de leur parcours. Elles décrivent les épreuves et les blessures qui les ont conduites à se tourner vers la religion, leur recrutement par un rabatteur de l'Etat islamique, leur arrivée en Syrie et leur vie sous le règne de la terreur jihadiste, puis leur prise de conscience, leur fuite, leur retour avec parfois un passage par la prison, leur déradicalisation enfin et le combat que certaines mènent désormais contre la radicalisation.
"Au début j'avais peur, avant de les rencontrer, reconnaît Marion Stalens. Mais dès la première rencontre, j'ai compris qu'elles étaient des femmes désarmées, des femmes qui essayaient de se relever après un cauchemar et qui prenaient un risque dingue en me parlant, et que c'étaient elles qui étaient en danger, pas moi."
Avoir participé à tout ça est une responsabilité et une culpabilité très lourde. Et on peut transformer le cauchemar qui a été traversé et lui donner du sens en transmettant son expérience pour empêcher d'autres de plonger dans le même cauchemar.
Marion Stalens, réalisatrice du documentaire "Revenantes"à franceinfo
Marion Stalens et les "revenantes" qu'elle a interviewées voient dans ce documentaire un message de prévention contre la radicalisation islamiste. "D'une certaine façon, ce film, c'était l'idée de lancer une boule de neige pour donner des modèles d'identification à ces femmes qui sont un peu en fragilité, qui ont quitté cette idéologie, qui ne savent pas tout à fait encore se raccrocher aux valeurs, retrouver leur place dans notre société. C'était leur proposer un modèle", décrit la réalisatrice.
"Il faut qu'on sorte de cette méfiance"
Pas question pour la documentariste de remettre en doute la sincérité de ses témoins. "Quelqu'un qui se montre comme ça, risque sa peau pour témoigner et pour dire tout le mal de Daech qu'on peut entendre. Elle témoigne vraiment de toutes les exactions dont elle a été témoin. Comment on pourrait la soupçonner ?"
"Il faut qu'on sorte de cette méfiance, affirme Marion Stalens. Evidemment qu'il y a de la dissimulation, évidemment qu'il y a des mensonges, évidemment qu'il y a des gens très dangereux. Mais si on n'accorde pas la possibilité à certaines de nous convaincre de leur sincérité, alors on se coupe d'une source incroyable de lutte contre la radicalisation."
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