Qui est Salmane Ben Abdel Aziz, le nouveau roi d'Arabie Saoudite ?
Prince héritier, Salmane succède à Abdallah, dont la mort a été annoncée dans la nuit de jeudi à vendredi par la cour royale, dans un communiqué diffusé par la télévision publique.
L'Arabie Saoudite est en deuil. Le roi Abdallah est mort, vendredi 23 janvier, et le prince héritier Salman lui succède à la tête du royaume saoudien, a annoncé la cour royale dans un communiqué diffusé par la télévision publique.
Cette succession intervient dans un contexte de tension exceptionnelle au Proche-Orient avec les conflits en Syrie et en Irak et la lutte d'influence accrue entre l'Arabie Saoudite et l'Iran sur le plan régional.
Qui est le nouveau souverain qui va devoir faire face à cette situation exceptionnelle ? Francetv info dresse son portrait.
Le successeur désigné d'Abdallah
Salmane est le 25e fils du roi Abdel Aziz, fondateur du royaume d'Arabie Saoudite. Demi-frère du roi Abdallah, il l'avait peu à peu remplacé ces derniers temps, les apparitions publiques du souverain se faisant de plus en plus rares en raison de son état de santé.
Abdallah se faisait régulièrement représenter par Salmane Ben Abdel Aziz. Le prince s'était ainsi placé sur le devant de la scène, présidant régulièrement le Conseil des ministres et se déplaçant à l'étranger, comme lors du dernier sommet du Conseil de coopération du Golfe (CCG), début décembre, au Qatar. Il a ainsi multiplié les visites en Occident et en Asie. Un bon moyen pour lui d'acquérir une stature internationale, alors que sa carrière s'est focalisée, par le passé, sur les affaires intérieures.
Un homme au cœur du pouvoir
Numéro deux du royaume jusqu'à présent, Salmane a été gouverneur de la capitale, Ryad, pendant près de cinquante ans, la plupart des provinces saoudiennes ayant à leur tête des membres de la famille royale avec rang de ministre. Il est considéré comme l'artisan du développement de cette cité bâtie en plein désert par la dynastie des Al-Saoud, devenue une métropole régionale moderne.
Devenu héritier du trône en 2012, à la mort de son frère Nayef, il avait obtenu en même temps le poste de premier vice-Premier ministre et cumulait également les fonctions de ministre de la Défense depuis octobre 2011. Ce portefeuille lui a permis de procéder à des achats massifs d'armes et de renforcer les liens avec ses principaux alliés, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France.
Cette position centrale lui a surtout donné l'opportunité de "jouer le rôle d'arbitre très respecté des affaires de la famille" royale, analyse Eleanor Gillespie, journaliste pour la Gulf States Newsletter basée à Londres, assurant que le prince Salmane "a une réputation de probité".
Un conservateur modéré
Considéré comme un fervent musulman, Salman a été éduqué à "l'école des princes" créée dans le palais Ibn Saoud par l'imam de la Grande mosquée de La Mecque et est attaché à l'idée que la pratique d'un islam pur est essentielle à la vie du royaume. Personnage imposant, possédant l'un des plus puissants groupes médiatiques du monde arabe, Salmane estime que la démocratie ne convient pas au royaume saoudien conservateur.
Malgré cette position et ses fortes convictions religieuses, le nouveau roi a la réputation d'être tourné vers l'extérieur. Il est considéré dans le royaume comme un modéré habile, qui a parfaitement perçu les attentes des religieux conservateurs, des influents groupes tribaux, mais également d'une population de plus en plus jeune.
Avec prudence, il devrait donc mettre en œuvre les réformes économiques et sociales entamées sous le règne d'Abdallah, qui a élargi certains droits des femmes et pratiqué la dérégulation économique. Lors d'une rencontre avec l'ambassadeur américain à Ryad en 2007, Salmane expliquait à son interlocuteur que ces réformes devaient être poursuivies lentement afin de ne pas provoquer une réaction de rejet de la part des conservateurs.
Un homme à la santé fragile
Né à Ryad le 31 décembre 1935, Salmane est un peu plus jeune, à 79 ans, que son prédécesseur, le roi Abdallah, qui serait né en 1924. Comme lui, le nouveau souverain a une santé fragile. Il a notamment été opéré en 2010 d'une hernie discale et souffrirait également de démence, selon NPR et The Atlantic.
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