Reportage Attaque de l'Iran contre Israël : "Amina ne parle pas, elle ne bouge même pas", dénonce la famille de la jeune Bédouine blessée

Article rédigé par Hajera Mohammad - Sandrine Mallon
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Devant la maison de la famille d'Amina, la petite Bédouine blessée après l'attaque de l'Iran contre Israël. (SANDRINE MALLON / RADIO FRANCE)
Les proches de la petite fille de 7 ans vivent dans le désert de Néguev, en Israël. Leur installation n'est pas considérée comme légale par l'État hébreu, qui leur interdit toute nouvelle construction, y compris celle d’abris anti-bombes.

Alors que le gouvernement israélien assure avoir déjoué les attaques de drones et de missiles lancés par l’Iran le week-end dernier, avec 99% des tirs interceptés et avec un nombre limité de blessés, la colère monte chez les Bédouins arabes du pays. Ils sont des dizaines de milliers à vivre dans des villages non reconnus par l’État d’Israël qui leur interdit toute nouvelle construction, y compris celle d’abris anti-bombes.

Samedi dernier Amina, une enfant bédouine, a été gravement blessée par un éclat de missile ou de drone, sa famille ne sait pas précisément, mais elle ne cache pas sa colère. Nous l’avons rencontrée dans le désert du Néguev, au sud du pays. Le père d’Amina, Mohamed Hassouna, et l’un de ses fils, nous emmènent voir l’impact, cet énorme trou dans le toit en tôle de leur maison."C'est rentré par là. Elle a eu très peur des missiles. Elle était debout ici, elle a été touchée à la tête et elle est tombée." Depuis, la fillette de 7 ans est hospitalisée en soins intensifs. "Elle est inconsciente, elle ne parle pas, elle ne bouge même pas. Les médecins disent qu'elle est hors de danger, mais on ne sait pas si elle aura des séquelles."

Le père d’Amina, Mohamed Hassouna, montre le trou par lequel est passé un éclat de missile ou de drone dans sa maison. (MOHAMMAD HAJERA / RADIO FRANCE)

Restent ses 13 frères et sœurs, traumatisés par cette nuit où le ciel semblait exploser au-dessus de leurs têtes. "Ça s'est passé à une heure du matin, on dormait, poursuit le père. Son frère l'a prise et l'a conduite à l'hôpital sous les missiles, Et moi j'ai pris les enfants, on est allés se réfugier dans des canalisations d'eau, mais c'est plein de serpents. Hier aussi on a dormi là-bas. Les enfants ont peur de revenir, ils ont peur des missiles."

Sentiment d'injustice

Et difficile de les rassurer car contrairement à de nombreux Israéliens en ville, les Hassouna eux n’ont aucun abri anti-bombes pour se protéger. "C'est soit la voiture, soit la maison. Et si je veux en construire un, c'est interdit, ils le détruiront", soupire le père de famille. Parce que pour l’État d’Israël, l’installation de ces Bédouins dans ces collines rocailleuses du Néguev n’est pas légale. D’ailleurs aucun panneau routier ne signale l’existence de ce village sur la longue piste sinueuse qui permet d’y accéder.

Selon Maigel El Hawashla, coordinateur d’une association de défense des Bédouins, beaucoup d’autres villages sont victimes de cette règle. "Les autorités affirment que ce terrain n'appartient à aucune juridiction, seulement à l'État d'Israël, déplore-t-il. Mais nous étions là avant lui, et regardez où nous vivons." 

"Nous n'avons aucun service, pas d'abri, pas de réseau d'eau, pas d'électricité, pas d'infrastructures."

Maigel El Hawashla, coordinateur d'une ONG de défense des Bédouins

à franceinfo

Un sentiment d’injustice aussi pour Mohamed Hassouna. Depuis samedi dernier, aucun représentant officiel de l’état n’est venu le voir, déplore-t-il. Des militaires sont bien passées chez lui oui, mais seulement pour récupérer les débris des missiles et drones tombés au sol.

Attaque de l'Iran contre Israël : l'émotion de la famille de la jeune Bédouine blessée au micro d'Hajera Mohammad et Sandrine Mallon

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