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Vidéo 45 000 euros, le prix d'une vie de travailleur népalais au Qatar

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45 000 euros, le prix d'une vie de travailleur népalais au Qatar
45 000 euros, le prix d'une vie de travailleur népalais au Qatar 45 000 euros, le prix d'une vie de travailleur népalais au Qatar (Envoyé spécial)
Article rédigé par France 2
France Télévisions

A Doha, par des températures qui avoisinent 50 degrés, ils sont les seuls à travailler dehors, très loin de chez eux, au Népal. Beaucoup de ces forçats de la Coupe du monde restent absents de leur foyer pendant des années, mais certains ne reviennent pas et meurent au travail... Livrées à la pauvreté, leurs familles doivent alors se battre pour être indemnisées. Extrait d'un reportage d'"Envoyé spécial".

Le 12 mai 2022, Ganga Sahani a été retrouvé sans vie sur un chantier de Doha. Ce maçon népalais de 52 ans vient allonger la liste des travailleurs étrangers morts au Qatar : plus de 15 000 en dix ans, toutes nationalités confondues, selon les statistiques officielles de l'émirat.

Le certificat de décès de Ganga, établi par le Qatar, porte la conclusion habituelle en pareil cas : "insuffisance cardiaque aiguë, cause d'une mort naturelle". Pourtant, pour son fils Ram, ce drame n'a rien de naturel. "Je pense que mon père est mort parce que c'était devenu trop difficile pour lui de travailler là-bas, déclare-t-il dans "Envoyé spécial". Les températures étaient vraiment très, très élevées, et il y avait une grosse pression sur le travail : ils devaient tous se dépêcher pour tout terminer à temps pour la Coupe du monde."

Des indemnités versées six ans après le décès

Désormais seul pour subvenir aux besoins de sa mère, de sa femme et de son fils, le jeune homme a engagé une procédure pour que sa famille soit indemnisée. Il a soigneusement rassemblé tous les documents concernant son père, sans oublier la photo qu'un collègue de Ganga a faite de son corps sans vie, au pied d'un échafaudage : cette image constitue la preuve que son père est mort sur son lieu de travail, lui explique l'avocat qui s'occupe du dossier. C'est le responsable local d'une ONG népalaise qui se bat pour les droits de ces forçats du Golfe. Depuis 2011, l'organisme a géré plus de 28 000 plaintes contre des employeurs dans les pays du Golfe : non-paiement de salaires, blessures, décès…

En 2018, le Qatar a mis en place un fonds d'indemnisation pour les travailleurs en cas de défaillance de l'employeur. Celui de Ganga Sahani est une grosse entreprise qui n'a versé que 4 000 euros à sa famille, alors que selon l'avocat, elle lui doit une indemnité plus importante et des dommages et intérêts. L'ONG est confiante, car elle vient d'obtenir une victoire pour la famille d'un autre ouvrier décédé au Qatar en 2016. Le gouvernement qatari a enfin versé, six ans plus tard, l'équivalent de 45 000 euros. Le prix de la vie d'un travailleur népalais au Qatar...

Extrait de "Népal : les forçats du Mondial", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 3 novembre 2022.

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