Quand les pays sont prêts à tout pour préserver leur image
Au Mexique, les premiers ennuis sont arrivés en 2009, quand ce qui passe pour une banale épidémie de grippe saisonnière débute. Mais très rapidement un nouveau virus issu de la grippe porcine est identifié et sème la panique dans le pays, puis dans le monde entier. Les nombreux cas, dont plus d’une centaine mortels ayant été répertoriés au Mexique, font qu'on l'appelle «grippe mexicaine». Mais l’Organisation mondiale de la santé refusant de stigmatiser le pays déjà durement touché ou de nuire à la filière porcine qui pousse de grands cris, la baptise donc grippe A (H1N1). Le Mexique et les producteurs de porcs ont eu chaud.
En 2011, une alerte à l’Escherichia coli entérohémorragique, provoquant des diarrhées hémorragiques fatales dans certains cas, est lancée par l’Allemagne. Après des analyses diverses, des concombres espagnols sont désignés comme coupables et retirés de la vente. Après l’Allemagne, la contamination s’étend au Danemark, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas et à la France. Tous ces pays comptent des milliers de malades et quelques morts. Sauf que de nouvelles analyses disculpent l’Espagne. Trop tard !
La ministre espagnole de l'Agriculture, Rosa Aguilar, furieuse, critique alors l'emballement initial de Berlin. «L'Allemagne a accusé l'Espagne d'être responsable de la contamination du E.coli en Allemagne et elle l'a fait sans preuves, créant un dommage irréparable à ce secteur d'activité en Espagne.»
Les exploitants espagnols estiment perdre 200 millions d'euros par semaine en raison du manque à gagner engendré par cette crise. Selon des médias espagnols, l'Allemagne, le Danemark, la République tchèque, le Luxembourg, la Hongrie, la Suède, la Belgique et la Russie ont continué de bloquer l'entrée de concombres espagnols. Madrid réclame à Berlin de prendre «des mesures extraordinaires pour compenser les pertes énormes causées au secteur espagnol». Mais le mal est fait. Qui plus est bien installé. Le concombre espagnol mettra des mois a se relever de cet épisode.
Après ces affaires aux répercussions financières très lourdes, les suivantes sont plus légères mais néanmoins révélatrices.
Le Mexique ne s'en laisse pas compter
Une conséquence inattendue du piratage des boîtes mail de Sony pictures, en novembre 2014, révèle que le Mexique (encore lui !) est décidément prêt à tout pour préserver son image. Ainsi, une partie de Spectre, le prochain James Bond, doit se dérouler dans ce pays. Le «méchant» devait être mexicain comme sa victime. Les autorités ont pris les devants et préféré payer 14 millions de dollars à la maison de production pour modifier le scénario. A ce prix-là, le méchant n’est plus mexicain et la victime sera une «huile internationale». Et pour une rallonge de 6 millions de dollars, le rôle de la directrice de l’hôtel, dans lequel descendra le serviteur de sa gracieuse majesté, sera tenu par une authentique vedette nationale ! La rallonge paye aussi la garantie que les images tournées sur place seront flatteuses pour le pays…
Le Venezuela écrit à Obama
Avec un pays en quasi banqueroute, une violence généralisée quand elle n'est tout simplement pas du fait du président lui même, le Venezuela est très malmené dans l'opinion internationale. Contre-attaque du ministère des Affaires étrangères vénézuélien pour tenter de limiter les dégâts et de redorer son blason pâlissant, qui publie dans le New York Times «une lettre au peuple des Etats-Unis, pour assurer qu'il ne représente aucune menace» et que donc les sanctions d'Obama sont injustifiées. Problème, le ton du reste de la lettre nettement plus agressif prend à partie le président américain en déplorant que «jamais dans l'histoire de nos nations, un président des Etats-Unis n'avait essayé de gouverner les Vénézuéliens par décret». «Cet ordre est tyrannique et impérial et nous renvoie aux heures les plus sombres de la relation entre les Etats-Unis et l'Amérique latine et les Caraïbes». Pas certain que ça ne se révèle pas totalement contre-productif.
Quant à la France...
La France aussi s’est récemment illustrée dans la volonté de réhausser sa réputation. Elle s’est vigoureusement élevée contre la proposition belge de battre une pièce de 2€ commémorant le bicentenaire de la bataille de Waterloo. Petit rappel, cette bataille opposa les troupes napoléoniennes à une coalition européenne menée par la Grande-Bretagne, l’Allemagne, la Prusse et les Pays-Bas, sur l’actuelle Belgique. Cette bataille fut perdue par l’Empereur français au prix de 50.000 morts, entraînant sa chute finale.
On ne grave pas dans le métal une défaite, qui plus est «au risque de provoquer des réactions hostiles à la France»! Telle est l’argumentation qu’a développé Paris dans une lettre adressée au conseil de l’Europe, selon le Daily Telegraph. Il faut reconnaître que la virulence de l’opposition française a bien fait rire les Anglais comme les Belges. Même si on sait que les anglais peuvent, eux aussi, se montrer chatouilleux sur le même type de sujet, il n'est sûr que la réputation française en soit sortie grandie…
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