Syrie : la répression se poursuit, malgré la présence des observateurs
Les forces de sécurité syriennes ont tué au moins quinze personnes mardi dans des affrontements à travers le pays, dont six à Homs, quelques heures à peine après l'arrivée des observateurs de la Ligue arabe.
Les observateurs de la Ligue arabe ont commencé, mardi 27 décembre, leur mission en Syrie à Homs, bastion de la révolte contre le régime de Bachar Al-Assad. Mais leur arrivée n'a pas mis fin à la répression : selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), les forces de sécurité syriennes ont tué au moins quinze personnes mardi dans des affrontements à travers le pays, dont six à Homs.
Une mission aux pouvoirs limités
L'équipe des observateurs est arrivée dans la matinée dans la ville et devrait rester plusieurs jours sur place avant de se rendre à Hama (nord) et à Idleb (nord-ouest).
Mais il est difficile d'évaluer la liberté d'action dont ils bénéficient. Le général soudanais Mohammed Ahmed Moustapha Al-Dabi, chef de la mission des observateurs, a déclaré que les responsables syriens "coopèrent totalement". Mais à Paris, Burhan Ghalioun, président par intérim du Conseil national syrien (CNS, opposition), a fait savoir que "les observateurs travaillent dans des conditions que la Ligue arabe dit ne pas être bonnes. Ils ont déclaré qu'ils ne peuvent pas aller là où les autorités ne veulent pas qu'ils aillent".
Une fusillade éclate près des observateurs
A Homs, un incident a mis en lumière les limites auxquelles ils se heurtent. Une fusillade a éclaté lors d'une discussion entre certains d'entre eux et des habitants qui les invitaient à pénétrer plus profondément dans le quartier de Baba Amr, qui a été le théâtre de pilonnages et de tirs à l'arme automatique ces derniers jours.
Une vidéo de cette scène a été envoyée par des opposants syriens à Reuters.
Sur ce document, on voit deux observateurs et deux hommes portant des gilets orange encerclés par une foule d'habitants. "Vous disiez au chef de la mission que nous ne pouviez pas traverser la deuxième rue à cause des tirs. Pourquoi ne le dites-vous pas [publiquement] ?", hurle un homme en colère, qui empoigne un observateur par la veste. Son interlocuteur lui répond que seul le chef de la mission est habilité à faire une déclaration publique. D'autres habitants supplient les observateurs d'entrer plus profondément dans leur quartier. Des manifestants crient aussi aux observateurs : "Nous voulons la protection de la communauté internationale !"
Selon l'OSDH, quelque 30 000 personnes ont manifesté dans la matinée dans un des quartiers de la ville. Plus tard, 70 000 manifestants ont tenté d'entrer sur une grande place du centre avant d'être repoussés par les gaz lacrymogènes des forces de l'ordre.
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