Frappe américaine en Syrie : "Il est inconcevable d'imaginer une campagne de frappes contre le régime syrien"
Pour le spécialiste des questions de défense Michel Goya, la frappe américaine sur une base syrienne jeudi soir est une démonstration de force, mais ne constitue pas un "tournant" dans la guerre en Syrie.
En réponse à l'attaque chimique menée mardi dans le nord-ouest de la Syrie et attribuée au régime de Bachar al-Assad, attaque qui a fait au moins 86 morts selon l'OSDH, les Etats-Unis ont lancé une frappe aérienne, dans la nuit de jeudi à vendredi, sur une base militaire située dans la province de Homs (centre). Sur franceinfo ce vendredi, Michel Goya, ancien militaire et spécialiste des questions de défense, estime que cette frappe est une "démonstration de détermination" des Etats-Unis. Mais elle ne constitue pas un "tournant" dans la guerre en Syrie.
Franceinfo : Comment qualifier cette frappe ? Sera-t-elle unique ?
Michel Goya : Oui, probablement. C'est une frappe punitive, qui a été décrite comme telle, et les Etats-Unis ont pris soin de la limiter symboliquement : c'est la base aérienne liée à l'attaque chimique qui a été frappée et pas une autre. Les Etats-Unis ont également, probablement, averti les Russes. C'est une opération symbolique qui s'adresse à Bachar al-Assad, aux Russes, au Congrès américain et au monde : "Moi, Donald Trump, je n'hésiterai pas à utiliser la force".
Cette frappe est-elle un tournant dans la guerre en Syrie ?
Je ne crois pas qu'on puisse parler de tournant puisque, militairement, cela reste un événement mineur. C'est une démonstration de détermination des Etats-Unis. Maintenant, les marges de manoeuvre restent limitées : il est difficile d'engager des opérations militaires dans un espace où les Russes ou les Iraniens sont présents.
Que peut-il se passer maintenant ? La coalition, avec la France, peut-elle frapper à son tour des positions syriennes ?
Tout dépend de l'attitude du régime syrien. S'il provoque à nouveau une attaque chimique, là, ce sera un signal d'escalade. Mais encore une fois, les marges de manœuvre sont très faibles : il est inconcevable d'imaginer une campagne de frappes contre les forces du régime de Bachar al-Assad alors que ces forces sont imbriquées avec des forces russes. Et ce n'est pas du tout dans la manière russe de pousser aux extrêmes.
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