Les deux adolescents candidats au jihad en Syrie retracent leur périple en garde à vue
Selon l'avocate du plus jeune des deux apprentis jihadistes, "il a fait preuve d'une naïveté et d'une crédulité sans pareilles et aujourd'hui il le reconnaît".
Un périple qui "pris une tournure qu'ils n'avaient pas imaginée une seule seconde". Les deux adolescents toulousains candidats au jihad en Syrie ont été placés en garde à vue mercredi 29 janvier pour s'expliquer sur leur périple de trois semaines. Les enquêteurs tentent de comprendre leur processus d'autoradicalisation, en enquêtant en particulier sur les sites internet qu'ils ont consultés.
Si l'hypothèse d'une filière jihadiste semble écartée, les deux garçons étant partis par leurs propres moyens, les enquêteurs tenteront également de vérifier s'ils ont pu être confortés dans leur détermination à partir par une ou plusieurs autres personnes. Âgés de 15 et 16 ans, ils sont interrogés depuis mercredi matin, dans les locaux du commissariat central de Toulouse, par les enquêteurs de l'antenne locale de la Direction centrale du renseignement intérieur, confirme l'avocate du plus jeune des deux, maître Agnès Dufétel-Cordier.
"Une naïveté et une crédulité sans pareilles"
Pour maître Dufétel-Cordier, qui a assisté mercredi à deux auditions d'au moins deux heures chacune de son jeune client, il ne fait aucun doute que lui et son camarade ont réalisé avoir commis une erreur en voulant se rendre en Syrie. "Ils se sont rendu compte qu'il fallait partir, que ça commençait à prendre une tournure qu'il n'avaient pas imaginée une seule seconde et qu'il fallait à tout prix essayer de rentrer", explique-t-elle. Et l'avocate ajoute : "Du haut de ses 15 ans, il a fait preuve d'une naïveté et d'une crédulité sans pareilles et aujourd'hui il le reconnaît."
Tous deux, élèves en classe de seconde générale au lycée des Arènes à Toulouse, les adolescents étaient partis sans prévenir leurs proches le 6 janvier et sont rentrés séparément de Turquie, dimanche pour le plus âgé, lundi soir pour le plus jeune. Celui-ci, "jeune garçon très bien intégré, avec un très bon parcours scolaire", se montre mercredi à la fois "serein" et en même temps très impressionné devant les enquêteurs avec lesquels il "coopère sans difficultés", a ajouté son avocate. Âgé de 15 ans, sa garde à vue ne peut excéder 48 heures, tandis que celle de son camarade de 16 ans peut aller jusqu'à 72 heures.
Selon maître Dufétel-Cordier, il est "très vraisemblable" que leurs gardes à vue se poursuivent jeudi, car dit-elle, "il y a encore beaucoup de choses à expliquer". Il reviendra alors au parquet antiterroriste de Paris, chargé d'une enquête pour "association de malfaiteurs en vue de la préparation d'actes de terrorisme", de décider de les poursuivre ou de les remettre en liberté. L'avocate a indiqué qu'il était prématuré de dire si la garde à vue avait pour objectif un simple débriefing ou si elle était le prélude à des poursuites.
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