Livraison d'armes aux rebelles syriens : vers la levée de l'embargo européen?
L'Union européenne s'est dit prête à discuter de cette opportunité, après les déclarations de François Hollande et Laurent Fabius.
"Nous souhaitons que les Européens lèvent l'embargo" sur les armes pour les rebelles syriens. Le président François Hollande a confirmé, jeudi 14 mars, les déclarations de Laurent Fabius. Le ministre des Affaires étrangères a indiqué, dans la matinée, que la France et le Royaume-Uni étaient prêts à livrer des armes aux forces de l'opposition.
"Nous sommes prêts à soutenir la rébellion, donc nous sommes prêts à aller jusque-là. Nous devons prendre nos responsabilités", a fait valoir le chef de l'Etat à son arrivée au sommet européen de Bruxelles, qui se tient jusqu'à vendredi. Francetv info vous explique les dessous de cette demande.
Quelle est la position actuelle de l'UE ?
Les 27 membres de l'Union européenne ont décidé, fin février, de prolonger le régime de sanctions contre la Syrie, comprenant l'embargo sur les armes, pour trois mois. Il doit donc durer jusqu'au 1er juin. Ils ont toutefois levé les restrictions sur la fourniture d'équipements non létaux et sur l'assistance technique "pour aider l'opposition et protéger les civils". L'examen de la poursuite de l'embargo est normalement prévu fin mai. Mais les Français et les Britanniques vont demander de l'avancer, a indiqué Laurent Fabius dans la matinée. Il pourrait donc se faire avant la fin mars.
Que visent la France et le Royaume-Uni ?
Selon des responsables français s'exprimant sous anonymat, l'objectif de la demande de levée de l'embargo est de fournir à la rébellion syrienne des missiles sol-air pour contrer les attaques des avions et des hélicoptères de l'armée syrienne. "Nous ne pouvons laisser un peuple massacré par un régime qui, pour l'instant, ne veut pas de transition politique", a affirmé François Hollande à son arrivée à Bruxelles. Avant le début du sommet, il a rencontré en tête-à-tête le Premier ministre britannique, David Cameron, qui partage son avis sur le sujet.
Qu'en pensent les voisins européens ?
L'opportunité de lever l'interdiction de fournir des armes à la Syrie fait l'objet de fortes divergences au sein des 27. Plusieurs pays ont en effet mis en garde contre le risque d'une militarisation accrue du conflit, à l'instar de la Belgique, par la voix de de son Premier ministre, le socialiste Elio Di Rupo. Ce dernier a ainsi souligné que ces questions étaient "extrêmement complexes" et ne pouvaient se résoudre "par oui ou non".
De son côté, l'Allemagne, normalement réticente à l'idée de lever l'embargo sur les armes, a affirmé qu'elle était "prête à discuter immédiatement au sein de l'Union Européenne" de l'opportunité de lever l'embargo sur les armes. L'Union européenne a, elle aussi, assuré qu'il était "possible" de discuter "sans délai" de l'opportunité de lever l'embargo si l'un des 27 Etats membres le souhaitait.
Qu'en dit la Syrie ?
Damas a réagi vivement à l'annonce faite par Londres et Paris d'une future livraison d'armes aux rebelles syriens. "Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a annoncé la volonté de son pays et celle de la Grande-Bretagne de fournir des armes aux groupes terroristes", a écrit l'agence officielle syrienne Sana, qualifiant l'initiative de "violation flagrante du droit international". De son côté, l'opposition syrienne, qui réclame des armes depuis des mois, a salué la nouvelle position de Paris et Londres.
Comment lever l'embargo ?
La décision de lever l'embargo doit être prise à l'unanimité des 27. Mais il suffirait, en cas d'absence de consensus, de ne pas renouveler le régime des sanctions. Cela permettrait à chaque pays de mener sa propre politique. Différentes options sont également examinées pour "ajuster" l'embargo, notamment par l'ajout d'exceptions autorisant la livraison à des individus ou à des entités spécifiques, comme l'Armée syrienne libre (ASL). Une autre possibilité serait d'amender l'embargo pour lier la livraison d'équipements létaux à "la protection des civils".
"Si d'aventure il devait y avoir un blocage d'un ou deux pays, je connais un certain nombre de réticences, alors (...) la France elle-même, prendrait ses responsabilités", a averti François Hollande jeudi soir.
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