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On vous explique pourquoi les Etats-Unis ont bombardé des positions en Syrie, en réponse à des attaques attribuées à l'Iran

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des militaires de l'armée américaine en Syrie, le 13 août 2023. (OMER AL DIRI / ANADOLU AGENCY / AFP)
Des bases américaines en Syrie et en Irak ont été récemment visées par des drones. Washington a ordonné des frappes "de légitime défense" dans l'est du pays.

Les Etats-Unis ont mené des frappes aériennes sur deux installations utilisées par les Gardiens de la révolution iraniens et des "groupes affiliés" dans l'est de la Syrie. "Ces frappes de légitime défense et de précision sont une riposte à une série d'attaques en cours, et pour la plupart manquées, contre le personnel américain en Irak et en Syrie par des milices soutenues par l'Iran", a déclaré le ministre américain de la Défense, Lloyd Austin, dans un communiqué publié jeudi 26 octobre.

Les bases américaines en Syrie et en Irak ont fait l'objet d'au moins 16 attaques de drones et de missiles depuis le début du mois, selon le Pentagone. Au cours d'une des quatre attaques perpétrées sur le territoire syrien, un Américain a succombé à une crise cardiaque alors qu'il se mettait à l'abri et 21 autres personnes ont été légèrement blessées. Aucun bilan des frappes américaines de jeudi n'a encore été communiqué.

Que font l'Iran et les Etats-Unis en Syrie ? 

Washington compte environ 900 soldats en Syrie et près de 2 500 en Irak, où les troupes américaines combattent l'organisation terroriste Etat Islamique. Quant aux Iraniens, ils sont aussi présents sur le territoire depuis le début du conflit syrien, en 2011, en tant qu'alliés du régime de Bachar Al-Assad. Des forces militaires iraniennes, dont des soldats d'élite du Corps des gardiens de la révolution, sont ainsi positionnées en Syrie.

Selon Behnam Ben Taleblu, expert de l'Iran cité par le magazine Time, au moins 10 ou 20 milices se revendiquent d'un soutien à Téhéran, "si ce n'est pas plus, rien qu'à la frontière entre l'Irak et la Syrie". Depuis 2018, cette présence iranienne donne régulièrement lieu à des raids israéliens en Syrie, qui redoute la constitution d'une grande zone d'influence chapeautée par l'Iran, qui traverserait l'Irak, la Syrie et le Liban.

Quel était l'objectif de ces frappes ?

Le président américain a ordonné ces frappes "pour qu'il soit clair que les Etats-Unis ne toléreront pas de telles attaques et se défendront eux-mêmes, ainsi que leur personnel et leurs intérêts", a prévenu Lloyd Austin, dans son communiqué. Si le groupe qui se dit à l'origine de ces attaques de drones en Syrie et en Irak ne revendique pas officiellement d'affiliation à l'Iran, Washington l'affirme : Téhéran est impliqué par procuration.

"Nous savons que ces attaques ont été menées par des milices soutenues par l'Iran et nous considérons par conséquent l'Iran comme responsable."

Le général Patrick S. Ryder, porte-parole du Pentagone

cité par l'AFP

Avant cette opération visant des groupes proches de l'Iran sur le territoire syrien, Joe Biden avait adressé un message au dirigeant suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, pour le mettre en garde contre toute attaque visant les troupes américaines. "Mon avertissement à l'ayatollah est que s'ils continuent à agir contre ces troupes, nous riposterons, et ils doivent être prêts. Cela n'a rien à voir avec Israël", avait-il déclaré. "Ces frappes d'autodéfense bien ciblées (...) sont séparées et distinctes du conflit en cours entre Israël et le Hamas", a encore insisté le ministre de la Défense, Lloyd Austin. 

"Si les Américains sont au Moyen-Orient, ce n'est plus tant pour Israël que pour lutter contre l'Iran qui a vraiment été désigné contre un grand adversaire des Etats-Unis", rappelle Héloïse Fayet, chercheuse à l'Institut français des relations internationales, sur franceinfo. Même s'il est question "de protéger leurs alliés de la région contre de possibles attaques iraniennes", cette experte note que "les Américains ont aussi peur pour leurs forces qui sont déjà dans la région", soit quelque 35 000 soldats dans tout le Moyen-Orient, précise-t-elle.

Or, l'Iran agit dans de nombreux pays à travers ces groupes alliés, dit "proxys", comme le Hezbollah libanais, ou encore les Houtis au Yémen. Un navire américain stationné en mer Rouge a d'ailleurs intercepté des tirs de missiles des Houtis la semaine précédente. "Les Etats-Unis ont peur de ce pouvoir de nuisance iranien, car si le Hezbollah entre dans le conflit, les autres fronts risquent de s'activer eux aussi", analyse le chercheur Joseph Daher dans Le Parisien

Faut-il craindre une escalade au Moyen-Orient ?

Jusqu'alors, Téhéran comme Washington ont pris soin de marquer leur présence en périphérie du conflit entre Israël et le Hamas sans conduire à un regain de tensions dans la région. "Les Etats-Unis ont les mains liées, parce qu'ils ne veulent pas porter la responsabilité d'une escalade", estime le chercheur américain Charles Lister, interrogé dans The Guardian. Les Iraniens "sont en train de tester les lignes rouges mais sans y aller trop fort. Ils mettent les Etats-Unis dans l'obligation de répondre".

De même que les Etats-Unis seraient contraints d'intervenir en cas d'attaque de l'Iran sur Israël, l'Iran n'aurait d'autre choix que d'entrer dans le conflit si les Etats-Unis venaient à intervenir dans la bande de Gaza, répètent les experts, qui observent avec prudence la montée des tensions entre Washington et Téhéran. En visant les bases américaines en Syrie et en Irak, l'Iran fait passer ce message : "Nous voyons les porte-avions, mais nous n'avons pas peur et nous aussi pouvons vous atteindre", analyse l'expert britannique Tobias Borck, toujours dans The Guardian.

"L'Iran joue avec le feu."

Tobias Borck, spécialiste du Moyen-Orient

dans "The Guardian"

"Est-ce que l'Iran aurait vraiment intérêt à soutenir le Hamas (...) qui est l'un de ses instruments de lutte contre Israël, mais qui ne correspond pas à son agenda principal ?", s'interroge le géopolitologue Frédéric Encel sur franceinfo. "Parce que s'il devait y avoir une guerre entre Israël et l'Iran (...), la rétorsion porterait sur les raffineries, les installations pétrolières, peut-être sur les installations nucléaires de l'Iran", liste-t-il. Or, "on a à faire avec une République islamique dirigée par des fanatiques, mais pas par des imbéciles".

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