Syrie : Damas accepterait de placer son arsenal chimique sous contrôle international
C'est ce qu'a affirmé le ministre des Affaires étrangères syrien, selon l'agence russe Interfax.
La Syrie accepte de placer son arsenal chimique sous contrôle international, affirme l'agence russe Interfax, qui cite le ministre syrien des Affaires étrangères, mardi 10 septembre. "Hier [lundi], nous avons eu une séance de négociations fructueuses avec le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov (...), et déjà en soirée, nous avons donné notre accord", a déclaré Walid Mouallem. Damas répond ainsi favorablement à la proposition de la Russie qui divise la communauté internationale : la France et les Etats-Unis sont réservés alors que l'ONU, l'Allemagne et le Royaume-Uni l'ont soutenue.
"Nous appelons les dirigeants syriens à non seulement accepter de placer sous contrôle international leur stock d'armes chimiques, et ensuite à le détruire, mais aussi à rejoindre pleinement l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques", a déclaré, lundi, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov.
Mais ce scénario ne fait pas l'unanimité. Francetv info détaille les différentes positions.
Les Etats-Unis trépignent
Le chef de la diplomatie américaine, John Kerry, a déclaré, mardi, que Washington n'attendrait "pas longtemps" la proposition russe. "Pour que cette option diplomatique ait une chance de réussir, la menace d'une action militaire américaine doit rester très réelle et crédible", a ajouté à ses côtés le secrétaire à la Défense, Chuck Hagel, lors d'une audition devant les élus de la commission de Défense de la Chambre des représentants. Le gouvernement de Barack Obama continue de mener ses tractations auprès des parlementaires alors que le Sénat américain a reporté le vote sur la Syrie, initialement prévu mercredi.
Paris pose ses conditions
La France, fer de lance d'une intervention militaire en Syrie aux côtés de Washington, a accueilli avec prudence la proposition russe. François Hollande et Barack Obama ont eu un entretien téléphonique, mardi après-midi, au cours duquel ils ont convenu de travailler "étroitement" sur la proposition russe de placer l'arsenal chimique syrien sous contrôle international. Ils ont également souligné "l’importance de maintenir ouvertes toutes les options".
Mardi matin, le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, avait posé au moins trois conditions à cet examen. Premièrement, le président syrien, Bachar Al-Assad, devra s'engager "sans délai à mettre sous contrôle international et à laisser détruire l'ensemble de son arsenal chimique". Ensuite, cette opération devra se faire sur la base d'une "résolution contraignante" du Conseil de sécurité de l'ONU. Enfin, les responsables du massacre de civils par des armes chimiques le 21 août à Damas "ne doivent pas rester impunis", selon Laurent Fabius, et la Cour pénale internationale (CPI) devra donc être saisie.
La Russie juge "inacceptable" le projet français de résolution au Conseil de sécurité des Nations unies rendant le régime de Bachar Al-Assad responsable de l'attaque chimique du 21 août. Sergueï Lavrov a annoncé que Moscou allait déposer son propre projet de résolution sur un contrôle international des armes chimiques syriennes.
L'Union européenne souhaite "le plus vite possible" la mise au point du scénario russe
Catherine Ashton, la chef de la diplomatie de l'UE, a exprimé mardi son soutien à la proposition de Moscou. "Il faut maintenant mettre cela totalement au point le plus vite possible", a-t-elle déclaré, soulignant la nécessité de clarifier les "détails en termes de stockage sécurisé, vérification et destruction". "L'UE est prête à apporter tout son soutien à toute proposition et à sa mise en œuvre", a-t-elle ajouté.
L'ONU, le Royaume-Uni et l'Allemagne sont séduits
De son côté, l'ONU s'est engouffrée dans la brèche, afin de surmonter "l'embarrassante paralysie" du Conseil de sécurité sur la Syrie, selon les mots du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon. Ce dernier appelle à la création de zones supervisées par les Nations unies en Syrie où les armes chimiques du pays pourraient être détruites. Ban Ki-moon pourrait faire cette proposition au Conseil de sécurité si les enquêteurs de l'ONU confirmaient l'utilisation d'armes prohibées dans le conflit.
Le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil Al-Arabi, a également indiqué, mardi, soutenir la proposition russe.
En Europe, la chancelière allemande, Angela Merkel, critiquée par l'opposition pour ses "zigzags" sur le dossier syrien, juge "intéressante" la proposition russe, espérant que "les actes suivent" et qu'il ne s'agisse "pas que de gagner du temps".
Cette option est également approuvée par le Premier ministre britannique. David Cameron a jugé lundi "particulièrement bienvenu" l'appel adressé par la Russie à la Syrie, estimant qu'une telle démarche de Damas serait "un grand pas en avant". "Si la Syrie mettait ses armes chimiques hors d'usage, sous supervision internationale, (...) cela devrait être encouragé", a-t-il déclaré devant les députés britanniques. David Cameron se veut toutefois prudent. Il faut, selon lui, s'assurer qu'"il ne s'agit pas d'une manœuvre de diversion".
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