La Turquie bombarde la Syrie mais ne "veut pas la guerre"
Ankara, qui évoque une "agression de la Syrie", a saisi le Conseil de sécurité de l'ONU et obtenu une réunion d'urgence de l'Otan. Retour en cinq actes sur les événements.
SYRIE – "La Turquie n'envisage pas de faire la guerre à la Syrie", a précisé jeudi 4 octobre le vice-Premier ministre truc, Besir Atalay. Pourtant, après le bombardement de cibles syriennes par l'armée turque, dans la nuit de mercredi à jeudi, en représailles à des tirs d'obus de l'armée de Bachar Al-Assad qui ont tué cinq civils turcs près de la frontière, les relations entre les deux pays se sont encore tendues. Retour sur cette escalade.
Acte 1. La Turquie essuie des tirs d'obus syriens
C'est l'incident le plus grave entre les deux pays depuis juin et la destruction d'un avion turc par un missile syrien. Mercredi 3 octobre après-midi, cinq civils turcs, dont une mère et trois enfants, sont tués dans le village d'Akçakale par des obus tirés depuis la Syrie. Une dizaine d'autres personnes sont blessées. Ce village est situé juste en face du poste-frontière syrien de Tall al-Abyad, récent théâtre de combats entre les troupes fidèles au président syrien Bachar Al-Assad et les rebelles de l'Armée syrienne libre (ASL).
Le régime de Damas, qui ne semble pas assumer la responsabilité des tirs d'obus, a présenté ses condoléances à la Turquie et a annoncé l'ouverture d'une enquête sur l'origine de ces tirs.
Acte 2. Ankara bombarde le territoire syrien
La Turquie a immédiatement réagi, en bombardant "le long de la frontière des cibles identifiées par radar", a annoncé le premier ministre Recep Tayyip Erdogan dans un communiqué. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), "plusieurs soldats" syriens ont été tués dans cette réplique de l'armée turque. De nouveaux tirs turcs contre les positions de l'armée syrienne se sont produits jeudi matin, vers 5 heures (heure française).
"La Turquie ne laissera pas sans réponse de telles provocations du régime syrien contre notre sécurité nationale", prévient le Premier ministre turc.
Acte 3. L'Otan se réunit en urgence
Qualifiant l'incident "d'acte d'agression de la Syrie contre la Turquie", Ankara a obtenu une réunion d'urgence du Conseil de l'Otan à Bruxelles. Ce dernier a appelé dans la soirée la Syrie à "mettre un terme à ses violations flagrantes du droit international".
Acte 4. Le Parlement turc autorise des opérations armées
Réuni à huis clos en urgence, le Parlement turc a approuvé jeudi un texte autorisant l'envoi de troupes hors des frontières. Le texte proposé par le gouvernement stipule que, "si nécessaire", ce dernier sera mandaté pour ordonner des opérations armées en Syrie car "les activités hostiles visant le territoire turc sont sur le point de devenir une attaque militaire (...) et de ce fait sont de caractère à menacer notre sécurité nationale". Cette autorisation parlementaire est valable un an.
Ce feu vert ne donne pas mandat au gouvernement de faire la guerre à la Syrie et revêt un caractère "dissuasif", a précisé le vice-Premier ministre tuc, Besir Atalay. "Cette motion n'est pas une motion pour la guerre", a-t-il affirmé à la presse au terme du vote à l'Assemblée. De son côté, la Syrie a présenté ses excuses à la Turquie pour les tirs d'obus.
Acte 5. L'ONU condamne les tirs syriens
Jeudi, tard dans la soirée, le Conseil de sécurité de l'ONU a "condamné dans les termes les plus fermes les tirs d'obus par les forces syriennes" contre le village turc. Le communiqué, était attendu pour mercredi soir, mais il aurait été retardé après que la Russie a demandé un délai.
Les 15 pays membres du Conseil ont adopté une déclaration dénonçant ces tirs syriens. Ils appellent par ailleurs les deux pays voisins "à la retenue".
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