Syrie : "Les bombes s'enfoncent dans le sol et détruisent tout", témoignent les habitants d'Alep sous les obus
Alors que les bombardements intensifs se poursuivent sur Alep (Syrie), mercredi 28 septembre, François Hollande a dit craindre un risque de catastrophe humanitaire majeur. Pour franceinfo, des habitants témoignent de la violence de cette pluie d'obus.
Pris au piège sous une pluie d'obus. Pas un seul endroit pour se mettre à l'abri, même en sous-sol : les missiles traversent la terre. Voilà le quotidien que décrivent les habitants des quartiers rebelles d'Alep. Étonnamment, dans la ville assiégée par les forces pro-gouvernementales syriennes, Internet fonctionne toujours. Les communications s'établissent via Skype ou la messagerie Whatsapp.
Ali Abou Kamel, le chef du bureau de l'ONG Syria Charity, a fait parvenir à franceinfo mercredi 28 septembre une vidéo du siège de son organisation, entièrement détruit pendant la nuit. "Ici à Alep, depuis quelques jours, c'est l'apocalypse, raconte-t-il. En cinq ans de guerre, on n'a jamais vu ça. Une telle violence... Les bombardement sont tellement intenses".
Le siège de l'ONG Syria Charity bombardé la nuit dernière et qu'on découvre sur ces images envoyées ce matin d'Alep pic.twitter.com/qXdN3gVV9v
— Gaele Joly (@joelgaly) September 28, 2016
"C'est l'aviation militaire russe qui bombarde, poursuit Ali Abou Kamel. Ils utilisent toutes sortes d'armes, même celles qui sont interdites par les conventions internationales. Des bombes à fragmentation, des bombes au phosphore, des barils de TNT qui tuent à l'aveugle, y compris les enfants, les femmes ou les personnes âgées. Les missiles sont capables de détruire des immeubles de six étages. Ils tuent à des kilomètres à la ronde."
Les deux hôpitaux ne fonctionnent plus et ne peuvent plus admettre aucun blessé
"Il n'y a plus d'électricité. Il n'y a plus assez de nourriture. Les prix explosent", raconte Alaa Abouali. Ce jeune secouriste de 30 ans, qui réside dans la partie assiégée d'Alep, intervient après chaque bombardement. Il décrit un véritable enfer, qui s'aggrave jour après jour : "L'infrastructure est en train d'être complètement détruite par les nouvelles bombes larguées par la technologie de pointe de l'aviation russe. Elles s'enfoncent dans le sol et détruisent tout à l'intérieur du sol, faisant rejaillir de l'eau de la terre. Ces armes nous ne les avions jamais vues avant."
La nuit dernière, les deux plus grands hôpitaux situés dans la partie rebelle de la ville ont été violemment touchés par les bombardements. Les témoignages que nous avons recueillis mercredi 28 septembre ne parlent que ça. "Quinze personnes au moins on été tuées et il y a beaucoup de blessés. Mais je n'ai pas le chiffre exact", décrit Mohamad, qui nous avons recontacté après un premier témoignage sur franceinfo.
Cet étudiant de 22 ans prend des photos d'Alep, afin de documenter les crimes commis par Bachar el-Assad. "Aujourd'hui, les deux hôpitaux ne fonctionnent plus et ne peuvent plus admettre aucun blessé, explique-t-il. C'est un très gros problème, parce qu'on a énormément de blessés avec ces bombardement en rafales. Les autres hôpitaux qui restent encore debout ne peuvent pas tous les accueillir. C'est très inquiétant."
Les habitants d'Alep réclament un couloir humanitaire
Après cinq ans vécus sous les bombardements, les habitants d'Alep se sentent trahis par une communauté internationale, qu'ils en sont venus à maudir. "Mes rêves, c'est simplement que les enfants puissent retourner à l'école. Mes rêves, c'est de pouvoir retrouver de l'eau potable, de l'électricité. Voilà ce que sont devenus mes rêves aujourd'hui", nous raconte le secouriste Alaa Abouali.
On estime que 300 personnes ont été tuées et 1 000 blessées ces trois derniers jours à Alep. Tristes à en faire pleurer les pierres, comme le dit un proverbe arabe, Alaa, Ali, Mohamed et les autres réclament au plus vite un couloir humanitaire et de l'aide pour les civils encerclés.
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