Syrie : quel est l'arsenal de Bachar Al-Assad ?
La communauté internationale est divisée sur la question d'une intervention militaire. Francetv info évalue la capacité de riposte du dictateur syrien.
Bachar Al-Assad l'a assuré : la Syrie est prête à se défendre. Alors que la question d'une intervention militaire divise plus que jamais les Occidentaux, après l'utilisation présumée d'armes chimiques contre la population, une incertitude demeure : quels sont les véritables moyens de défense du régime syrien en cas d'invasion ? Eléments de réponse.
Les armes chimiques
La Syrie a entrepris il y a trente ans de développer son programme secret d'armes chimiques, "après trois défaites militaires contre Israël et avec la conviction que son voisin s'était doté de l'arme atomique", racontent Les Echos. L'arsenal syrien est considéré comme l'un des plus importants du Moyen-Orient, mais les données publiques sont quasi inexistantes. La Syrie est en effet l'un des rares pays à ne pas avoir signé la Convention sur l'interdiction des armes chimiques et n'est donc pas membre de l'organisation chargée de contrôler son application.
Selon Muhammad Hussein Al-Haj Ali, un ex-général syrien ayant dirigé l'Académie nationale de défense à Damas : "Si une action militaire des Occidentaux contre le pouvoir syrien est engagée et dure au moins 48 heures, le régime tombera", a-t-il déclaré à l'AFP, jeudi 29 août. Il met toutefois en garde contre un "arsenal d'armes chimiques très dangereux et très important, grâce à des programmes conçus en relation étroite avec l'Iran et la Corée du Nord".
Les missiles
L'armée syrienne dispose d'un important stock de missiles, dont le commandement se trouve à Alep. Le flou sur l'état précis des forces du régime persiste, mais d'après l'opposition syrienne, l'attaque du 21 août a été menée avec des missiles sol-sol, capables de porter des têtes chimiques. Plus de 35 de ces missiles auraient été tirés en trois salves, depuis la région de Damas.
Quant aux forces de défense aérienne, elles n'ont semble-t-il pas été trop affaiblies par les combats et disposent de plusieurs milliers de missiles sol-air de fabrication russe, dont certains sont récents et potentiellement fonctionnels. Ces missiles n'ont pas une grande portée, mais pourraient compliquer une opération aérienne occidentale. Philippe Migault, spécialiste des conflits armés à l'Institut de relations internationales et stratégiques, souligne dans le Huffington Post qu'"en tirant des missiles à 1 200 ou 1 300 km de la cible, les alliés ne prendraient aucun risque, mais leurs frappes n'auront qu'un impact relatif. En revanche, des frappes aériennes les exposeraient à de lourdes pertes".
Par ailleurs, explique Muhammad Hussein Al-Haj Ali, "les principales cibles devraient être prioritairement les rampes de lance-missiles à longue portée, les radars, et les systèmes de défense antiaériens".
L'effectif humain
L'armée syrienne est, en théorie, l'une des plus importantes du monde arabe. Mais une étude de l'Institut international pour les études stratégiques (IISS) publiée en mars 2013 et relayée par le magazine américain Foreign Policy estime que son effectif a été divisé de moitié entre le début de la révolte et l'automne 2012. Désormais, ils seraient environ 170 000 hommes à disposition de Bachar Al-Assad, "sans compter les forces de police et paramilitaires" ou les hommes fournis par l'Iran et le Hezbollah.
A cause de la désorganisation due à la guerre civile, l'IISS se dit incapable d'estimer avec précision les effectifs de ces forces paramilitaires. Or, ces troupes jouent un rôle clé dans les affrontements contre l'insurrection depuis deux ans. En 2009, elles étaient estimées à 108 000, sous l'autorité du ministère de l'Intérieur, et 100 000 dans la milice populaire du parti Baas, au pouvoir depuis 1963.
Blindés et force aérienne
L'armée syrienne dispose essentiellement d'un matériel d'origine russe. Elle comptait, avant le début des affrontements, 4 950 chars. "Ce chiffre a été réduit de façon significative pendant la guerre civile", précise l'IISS. Car l'armée syrienne a beaucoup utilisé ses blindés pour combattre les rebelles, explique Slate.
L'armée de l'air aurait en principe 365 appareils de combat (elle en comptait 555 en 2009, soit deux fois plus que la France), la plupart d'origine soviétique. Mais là encore, ces chiffres d'avant-guerre sont certainement bien inférieurs aujourd'hui. L'IISS estime ainsi que "le niveau de capacité opérationnelle d'une importante partie de la flotte aérienne est probablement faible".
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