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L'Europe se divise sur une intervention militaire en Syrie

La France continue de laisser planer une possible action armée, le Royaume-Uni est désormais très frileux et l'Allemagne refuse de s'immiscer dans la guerre : les partenaires européens n'ont pas de position commune sur une éventuelle frappe contre le régime de Bachar Al-Assad.

Article rédigé par franceinfo
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La haute représentante de la diplomatie européenne Catherine Ashton rencontre François Hollande avant un Conseil européen, le 28 juin 2013 à Bruxelles. (DURSUN AYDEMIR / ANADOLU AGENCY)

Les partenaires européens sont divisés sur l'opportunité d'une intervention militaire en Syrie. Les postures politiques évoluent tous les jours. Francetv info fait le point sur les positions des principaux pays de l'Union européenne.

La France toujours prête à intervenir

François Hollande a clarifié sa position sur la Syrie dans une interview du Monde daté du 30 août. Le chef de l'Etat veut "une action proportionnée et ferme contre le régime de Damas". Le chef de l'Etat n'exclut pas de lancer une opération militaire avant la session extraordinaire du Parlement, mercredi 4 septembre. "Si j'ai engagé la France, le gouvernement l'informera [le Parlement] des moyens et des objectifs poursuivis conformément à l'article 35 de la Constitution", affirme-t-il.

Le Royaume-Uni fait volte-face

D'abord en première ligne de l'intervention armée avec son projet de résolution à l'ONU, David Cameron s'est retrouvé lâché par son Parlement, le 29 août. Le Premier ministre britannique déclare désormais qu'il ne passera pas outre la décision des députés, même s'il peut légalement le faire.

L'Allemagne, la Pologne et l'Italie opposées à une intervention

Le chef de la diplomatie allemande s'est prononcé contre une intervention en Syrie, dans le journal régional Osnabrücker Zeitung (article en allemand). En pleine campagne électorale, la manœuvre inverse aurait été suicidaire pour Angela Merkel, qui remet son siège en jeu au cours du mois de septembre. "On ne nous a pas demandé" une telle participation, a expliqué Guido Westerwelle, le ministre des Affaires étrangères, et "nous ne l'envisageons pas".

En Pologne, le Premier ministre, Donald Tusk, a été très clair : "La Pologne ne participera d'aucune manière à une quelconque intervention en Syrie", rapporte la radio polonaise publique (article en anglais). Donald Tusk se dit persuadé qu'une action militaire n'aura pas les effets escomptés sur Bachar Al-Assad.

Quant à la ministre italienne des Affaires étrangères, Emma Bonino, elle a estimé que la Syrie "réagirait évidemment" en cas d'attaque ciblée, et a donc prôné une solution politique : "Même si c'est plus lent, plus dur et même si cela semble parfois ne pas réussir, l'exercice de la pression diplomatique et de la pression politique est l'unique solution à poursuivre", assure-t-elle.

L'Espagne soucieuse

Une intervention armée au Proche-Orient a de quoi effrayer le gouvernement espagnol. Le journal El Pais se souvient douloureusement de la participation du pays à la guerre en Irak et de ses conséquences dramatiques. Les attentats de Madrid en 2004 avaient fait 191 morts et avaient été revendiqués comme des représailles à l'engagement militaire du pays. Mariano Rajoy "maintient une position prudente" sur la question. De plus, l'engagement du Parti populaire en 2003 aux côtés des Etats-Unis avait également été un suicide politique. Le gouvernement espagnol attend une position commune de l'Union européenne. 

Les autres pays : en attendant le rapport de l'ONU

D'autres pays européens attendent la position des experts de l'ONU, qui devraient rendre leurs conclusions après leur départ de Syrie, samedi 1er septembre. L'Italie, la Slovénie et la Belgique, par exemple, attendent les conclusions des experts avant de se prononcer sur une éventuelle participation à une intervention. Les Irlandais, eux, craignent pour la sécurité de leurs Casques bleus stationnés sur le plateau du Golan, qui surveillent le respect de l'accord de paix entre Israël et la Syrie.

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