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Le cœur du régime syrien touché de plein fouet à Damas

Le beau-frère de Bachar Al-Assad, le ministre de la Défense et le chef de la cellule de crise sur la révolution ont été tués mercredi. Barack Obama et Vladimir Poutine s'accordent sur la nécessité d'une "transition politique" en Syrie.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des policiers patrouillent à proximité du lieu de l'attentat-suicide à Damas, qui tué trois hauts responsables syriens le 18 juillet 2012. (FTVI / EVN)

Trois hauts responsables du régime syrien, dont le beau-frère de Bachar Al-Assad et le ministre de la Défense, ont été tués dans un attentat à Damas, mercredi 18 juillet, selon des informations de la télévision d'Etat citées par l'AFP. L'attentat a été revendiqué par l'Armée syrienne libre. Barack Obama et Vladimir Poutine s'accordent sur la nécessité d'une "transition politique" en Syrie.

Il s'agit des premiers morts parmi les hauts responsables du régime depuis le début de la révolte contre le régime du président Bachar Al-Assad, en mars 2011. FTVi fait le point sur cet attentat inédit en Syrie.

• Que sait-on des victimes ?

Daoud Rajha, le ministre de la Défense syrien et chef adjoint de l'armée, "est tombé en martyr dans l'attentat terroriste qui a visé le bâtiment de la Sécurité nationale", a affirmé la télévision d'Etat. Ce général était de confession chrétienne. 

Le ministre de la Défense syrien Daoud Rajha le 8 septembre 2011 à Alep en Syrie. ( SANA / AFP)

Assef Shawkat, le beau-frère de Bachar Al-Assad et vice-ministre de la Défense, a également été tué. Selon Le Figaro, il avait survécu à une tentative d'empoisonnement fin mai avec cinq autres hauts responsables du régime syrien. Tentative qui aurait aussitôt été vengée par le massacre de Houla, où près de 50 enfants ont été tués.

Assef Shawkat, le beau-frère de Bachar Al-Assad le 13 juin 2000 à Damas en Syrie. (AFP)

Le général Hassan Turkméni, chef de la cellule de crise mise en place pour mater la révolte en Syrie, a également été tué. 

Le ministre de l'Intérieur, Mohammad Ibrahim Al-Chaar, a quant à lui été sérieusement blessé dans l'attentat et transporté à l'hôpital Al-Chami, dans la capitale. Selon la télévision d'Etat citée par la chaîne Al-Arabiya sur Twitter, il serait dans un état stable. 

Le sort d'Hicham Ikhtiar, chef de la Sécurité nationale, est incertain. Agé de 71 ans, il a un rôle-clé dans la répression menée par le régime et a été victime de la tentative d'empoisonnement du mois de mai. Il figure depuis le 23 mai 2011 sur la liste des personnes sanctionnées par l'Union européenne. 

• Comment s'est déroulé l'attentat ? 

Des versions contradictoires circulent sur les circonstances de l'attaque. Un kamikaze pourrait avoir actionné sa ceinture d'explosifs alors que plusieurs ministres et hauts responsables de la sécurité syrienne étaient réunis dans le bâtiment de la Sécurité nationale, à Damas. II pourrait s'agir d'un garde du corps du cercle rapproché du président Al-Assad, indique l'agence Reuters sur Twitter.

Une source de sécurité a affirmé en revanche qu'une mallette remplie d'explosifs avait été introduite dans la salle de réunion par un garde du corps d'un des participants qui a réussi à quitter la salle puis a actionné la bombe grâce à une télécommande.

Le bâtiment de la Sécurité nationale, ultra-protégé, se trouve dans le quartier de Rawda, dans le centre de la capitale syrienne. L'Armée syrienne libre a revendiqué dans un communiqué cette opération, "la première d'une série de grandes opérations visant à faire chuter Assad et l'ensemble des piliers et symboles du régime, qu'ils soient civils ou militaires".

• Dans quel contexte intervient-il ?

Sur le terrain, cet attentat survient alors que des combats font rage dans les quartiers périphériques de la ville. Les rebelles ont annoncé mardi 17 juillet avoir lancé la "bataille pour la libération" de Damas. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, plus de 60 soldats de l'armée régulière ont été tués ces dernières 48 heures dans la capitale. Mercredi, des affrontements entre l'armée régulière et l'Armée syrienne libre se sont poursuivis dans les quartiers de Midane et Kafar Soussé, dans le sud et l'ouest de Damas. Le bilan de la journée est de 38 morts dans la capitale et 200 morts dans le pays.

Sur le plan diplomatique, ces violences meurtrières ont causé le report d'un vote au Conseil de sécurité de l'ONU sur une résolution menaçant la Syrie de sanctions, auxquelles s'oppose toujours Moscou. Le report intervient à la demande de Kofi Annan en vue d'un compromis avec la Russie. Initialement prévu mercredi après-midi, le vote se tiendra jeudi matin, comme l'a annoncé l'ambassadeur britannique auprès de l'ONU. 

• Quelles sont les réactions ? 

Le régime syrien s'est aussitôt dit déterminé à "nettoyer" le pays des "terroristes". Bachar Al-Assad a nommé Fahd Al-Freij nouveau ministre de la Défense.

"C'est l'Etat et toutes ses institutions qui sont visés. C'est une guerre ouverte contre tous les Syriens", a commenté un député, Khaled Al-Abboud. "Il y a des parties extérieures qui œuvrent pour la destruction de l'Etat syrien", a-t-il ajouté, accusant les Etats-Unis et leurs "instruments" à l'intérieur.

La communauté internationale estime que ces événements vont précipiter la chute de Bachar Al-Assad. Pour la Maison Blanche, il est "évident" que le régime est en train de "perdre le contrôle de la Syrie" et qu'il faut "éviter une guerre civile longue et sanglante". Lors d'une conversation téléphonique, Barack Obama et Vladimir Poutine "se sont mis d'accord sur la nécessité de soutenir une transition politique dès que possible", sans toutefois s'accorder sur la marche à suivre, selon Washington. Le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, a lui affirmé qu'il était "urgent" de "trouver une transition politique" en Syrie.

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