Un voyagiste français propose à nouveau d'emmener des touristes en Syrie (contre l'avis du Quai d'Orsay)
Le tour-opérateur Clio propose à partir d'avril des séjours dans ce pays dévasté par huit ans de guerre où le ministère des Affaires étrangères déconseille toujours "formellement" de se rendre.
"Soyez les premiers à vous replonger dans cette histoire millénaire." Le Français Clio est le seul voyagiste européen d'envergure à reproposer des circuits touristiques en Syrie, pays dévasté par huit ans de guerre, où le Quai d'Orsay déconseille toujours "formellement" de se rendre. A partir d'avril, le tour-opérateur propose un itinéraire de dix jours – avec autocar privé et nuits dans des hôtels – pour découvrir les villes de Damas au sud, de Lattaquié sur la côte nord et dans l'intérieur du pays les sites de Palmyre, le mythique Crac des Chevaliers ou encore le village chrétien de Maaloula. Le tout pour un tarif inférieur à 3 000 euros.
"La situation est plus stable"
"Le succès a été immédiat. Le premier groupe d'une vingtaine de personnes est complet et cinq autres départs sont prévus à l'automne", indique à l'AFP Jean-Pierre Respaut, directeur général adjoint de Clio, voyagiste spécialisé dans les voyages culturels qui revendique quelque 15 000 clients annuels sur toutes ses destinations. Pour lui, "la situation est plus stable aujourd'hui, dorénavant le pays est en grande partie pacifié et le régime a reconquis la majeure partie de son territoire".
Ce sont des zones sûres. Nous n'allons pas dans des zones qui ne sont pas encore totalement pacifiées, comme à Alep ou sur l'Euphrate. A certaines étapes, le groupe sera encadré par la police.
Jean-Pierre Respautà l'AFP
Mais pour le ministère des Affaires étrangères, la condamnation est sans appel : "L'agence de voyages Clio expose ses clients à un risque dont elle a pleinement connaissance." "Sa responsabilité sera engagée en cas d'incident. Cela lui a été rappelé à plusieurs reprises par le centre de crise et de soutien du ministère", a indiqué le Quai d'Orsay dans une déclaration à l'AFP.
Dans le contexte de la lutte contre le terrorisme, les ressortissants ou résidents français entrés sur le territoire syrien sont susceptibles de faire l'objet d'une enquête en France sur le motif de leur séjour.
Le Quai d'Orsayà l'AFP
Plus de 2 millions de visiteurs avant la guerre
"La Syrie est un pays en guerre", souligne le ministère des Affaires étrangères qui "déconseille formellement tout déplacement, quel qu'en soit le motif et quelle qu'en soit la destination".
Le risque d'attentat terroriste et d'enlèvement à des fins politiques ou crapuleuses y est majeur.
Le Quai d'Orsayà l'AFP
Pour Jean-Pierre Respaut, les autorités françaises "sont prudentes mais elles ne prennent pas les mêmes précautions pour d'autres pays. Il n'y a pas plus de problèmes a priori en Syrie que dans d'autres pays comme le Pakistan, où nous allons aussi", estime-t-il.
En 2010 – avant le début de la guerre qui a fait plus de 360 000 morts selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme – la Syrie accueillait près de 2 millions de visiteurs européens et le secteur touristique engrangeait plus de 3 milliards d'euros. Pour les Syriens, "la reprise de l'activité touristique sera non seulement le signe mais aussi le moyen d'un retour à la vie normale", met en avant Clio, jugeant que "boycotter leur pays alors que les Syriens sortent péniblement d'un long cauchemar serait réellement leur faire subir une double peine".
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