Romney en passe de gagner la course aux dollars contre Obama
On le sait : l'argent est le nerf de la guerre. Mais l'adage est encore plus vrai dans un scrutin américain. Alors que Mitt Romney revendique d'avoir collecté une somme record en juin de 106,1 millions de dollars, Barack Obama, avec un modeste pactole de 71 millions de dollars, admet dans un email à ses soutiens : "Je me suis fait devancer , écrit-il, selon la radio publique américaine NPR. Mais nous pouvons encore gagner. Nous ne le pourrons plus néanmoins si l'écart est de 10 contre 1 ". Et de solliciter des dons, même de "3 dollars ". Lucide, Barack Obama n'espère plus récolter autant d'argent que son millionnaire d'adversaire (ce qui sera d'ailleurs inédit pour un président sortant), mais veut tenter de réduire l'écart au maximum.
"Nous n'avons pas comme Romney l'avantage de pouvoir compter sur de gros donateurs"
Car aux Etats-Unis, plus qu'ailleurs, une victoire électorale peut n'être qu'une histoire de gros sous. Barack Obama lui-même en a fait la riche expérience. En septembre 2008, deux mois avant son élection, il avait battu le record absolu de levées de fonds mensuelles en réunissant 150 millions de dollars.
Mais c'était avant. Avant le super-Pac. Ce nouvel instrument, depuis 2010, autorise des organisations (appelées Pac comme Political Action Commitee) à récolter de l'argent et mener leur propre campagne pour soutenir un candidat. Il peut s'agir de milliardaires, mais aussi d'entreprises ou de groupes d'intérêt, censés être indépendants, dont l'unique objectif est d'influencer le vote. Un instrument de démesure, puisque si les traditionnels donateurs des hommes politiques ne peuvent verser plus de 2.500 dollars, ces super-Pacs eux peuvent récolter et dépenser sans compter pour leur favori. Or à ce jeu-là, Barack Obama sait bien qu'il ne l'emportera pas. Dans son message aux donateurs, il en convient : "Nous n'avons pas comme Romney l'avantage de pouvoir compter sur les groupes d'intérêt et les gros donateurs (...) alors battons-nous à fond ".
Les levées de fonds revendiquées lundi par les deux candidats cependant ne comprennent pas ces trésors de guerre amassés par les super-Pac. Et à ce jour, le locataire de la Maison blanche reste en tête des sondages dans les Etats clé. Mais le chemin vers sa réélection est encore sacrément long. Et l'avance financière de son rival pourrait avoir raison de son avance dans l'opinion. Car si l'argent compte particulièrement dans la politique outre-Atlantique, c'est qu'il est englouti quasi intégralement dans des spots télévisés particulièrement agressifs, où tous les coups sont permis pour démolir son rival. Remporter la course financière peut donc signifier gagner la bataille médiatique.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.