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Covid-19 : on vous explique la polémique sur les fêtes de Noël à Downing street, qui scandalisent les Britanniques et fragilisent Boris Johnson

Le Premier ministre britannique est accusé d'avoir assisté ou d'avoir laissé organiser des rassemblements en décembre 2020 à son ministère, malgré les restrictions sanitaires contre le Covid-19.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié
Temps de lecture : 7min
Des journaux britanniques relatent les soupçons de fête de Noël au 10, Downing Street, à Londres, fin 2020, en plein confinement, le 9 décembre 2021. (EYEPRESS NEWS / AFP)

Une "PartyGate" qui pourrait coûter sa place à Boris Johnson. Depuis plusieurs jours, le Premier ministre britannique est fragilisé par une série de scandales concernant des fêtes de Noël organisées en décembre 2020 au 10, Downing Street, alors que les rassemblements étaient interdits en raison de la pandémie de Covid-19. Malgré la promesse de tirer au clair ces affaires, Boris Johnson est accusé d'avoir menti et se retrouve fragilisé, y compris dans son propre camp. Explications.

Une vidéo évoquant une fête en décembre 2020 fait scandale

Le 7 décembre, une vidéo obtenue par la chaîne ITV* montre l'attachée de presse de Boris Johnson de l'époque, Allegra Stratton, préparer avec des collègues de potentielles réponses à des questions de journalistes sur une fête de Noël au 10, Downing Street – les bureaux et la résidence du Premier ministre – le 18 décembre 2020. A cette date, les réunions à Londres de plus de deux personnes issues d'un foyer différent sont interdites en raison du Covid-19.

Selon les images, visionnées à ce jour plus d'un million de fois, un conseiller demande à Allegra Stratton : "On a vu des tweets selon lesquels il y a eu une fête de Noël vendredi soir, confirmez-vous ces informations ?" Ce à quoi l'attachée de presse répond en riant : "Je suis rentrée chez moi. (...) Hum, quelle est la réponse ?" Plus tard, Allegra Stratton plaisante : "Cette fête imaginaire était une réunion d'affaires sans distanciation sociale", évoquant "du fromage et du vin".

En réaction, un porte-parole actuel de Downing Street affirme qu'il n'y a "pas eu de fête de Noël" le 18 décembre et que "les règles Covid ont toujours été respectées", mais la vidéo suscite l'indignation dans tout le pays.

Les médias britanniques révèlent d'autres festivités

Le lendemain, de nombreux médias britanniques publient de nouvelles informations sur cette soirée et accusent Boris Johnson de mentir. Alors que de nombreux Britanniques n'étaient pas autorisés à voir leurs proches à Noël, cette "Christmas party" entre collaborateurs a, selon le Daily Mail*, réuni 40 à 50 personnes entassées "les unes sur les autres dans une salle de taille moyenne". 

La BBC précise de son côté qu'il y avait "des boissons, de la nourriture et des jeux" et que le 15 décembre 2020, un quiz et un "Secret Santa" (une distribution de cadeaux au hasard) ont été organisés au 10, Downing Street. Le Sunday Mirror publie une photo de Boris Johnson entouré de conseillers portant des guirlandes et des bonnets de Noël.

Un porte-parole de Downing Street, cité par la BBC, assure que Boris Johnson n'a que "brièvement participé" à cette fête, pour remercier le personnel pour son travail pendant la pandémie.

L'ancienne attachée de presse de Boris Johnson démissionne

Face au scandale, l'ancienne porte-parole de Boris Johnson présente sa démission le 8 décembre. En larmes, devant les caméras, Allegra Stratton s'excuse auprès des Britanniques et explique qu'elle regrettera "toute [sa] vie ces propos".

"Les Britanniques ont fait d'immenses sacrifices dans la bataille contre le Covid-19, je crains à présent que mes propos soient devenus une distraction par rapport à ce combat", déclare-t-elle devant son domicile.

Boris Johnson annonce l'ouverture d'une enquête interne

Devant la Chambre des communes, lors des questions au gouvernement, Boris Johnson annonce l'ouverture d'une enquête interne et présente ses excuses "sans réserve". Il affirme qu'on lui a assuré qu'aucune fête ne s'était tenue et qu'aucune règle n'avait été transgressée. "Il va sans dire que si les règles ont été brisées, il y aura une action disciplinaire", ajoute-t-il, sous les huées des parlementaires.

L'enquête sera menée par le plus haut fonctionnaire britannique, Simon Case, chef de la fonction publique.

"Je comprends à quel point cela doit être rageant de voir que les personnes édictant les règles ne les respectent pas elles-mêmes."

Boris Johnson

devant la Chambre des communes

De son côté, la police de Londres déclare qu'elle n'ouvrira pas d'enquête faute de preuves, conformément à sa "politique de ne pas enquêter rétrospectivement sur les violations de ces règles". Mais si des preuves étaient recueillies dans le cadre de l'enquête interne, elles seraient transmises à la police "pour être prises en compte".

Le Premier ministre est fragilisé dans son propre camp

Ces affaires mettent à mal le gouvernement, déjà mis en cause par le passé pour d'autres violations des restrictions anti-Covid. "Le Premier ministre a passé la semaine à dire au public qu'il n'y avait pas eu de fête", dénonce le chef de l'opposition travailliste, Keir Starmer, au Parlement et il est désormais "pris la main dans le sac". "Des millions de personnes pensent maintenant qu'il les a pris pour des idiots."

Même au sein du Parti conservateur, la colère gronde. Pour le leader des conservateurs écossais, Douglas Ross, il faut que l'exécutif dise "pourquoi ça a été autorisé alors que c'était totalement contraire aux directives". "Pourquoi les personnes à la maison écoutant le Premier ministre et le ministre [de la Santé] devraient-elles faire des choses que les gens travaillant au 10, Downing Street ne sont pas disposés à faire ?" s'interroge le député conservateur Mark Harper, pour qui "la crédibilité" du gouvernement en a "pris un coup".

Le quotidien de droite Daily Telegraph, proche du pouvoir et dont Boris Johnson a été un éditorialiste vedette, s'est même demandé si c'était "le début de la fin" pour le dirigeant conservateur. "Il y a une intense odeur nauséabonde de fin de régime émanant de Downing Street que l'on ne peut plus ignorer. Pourquoi tous les gouvernements finissent-ils par prendre leurs électeurs pour des idiots ?" écrit-il.

Ces révélations embarrassent d'autant plus Boris Johnson qu'il a annoncé un durcissement des restrictions afin d'enrayer la propagation du variant Omicron. Les Britanniques doivent désormais télétravailler et présenter un passeport sanitaire dans des lieux de grand rassemblement.

* Les liens signalés par un astérisque renvoient sur des articles en anglais.

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