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Ex-espion russe : "La Russie se comporte de manière menaçante envers nos valeurs et notre sécurité", affirme l'ambassadeur du Royaume-Uni en France

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Article rédigé par franceinfo
Radio France

Lord Edward Llewellyn, l'ambassadeur du Royaume-Uni en France a affirmé mercredi sur franceinfo attendre "de nos alliés leur soutien et leur solidarité envers cette tentative de meurtre".

L'ambassadeur du Royaume-Uni en France, Lord Edward Llewellyn, a réagi mercredi 14 mars sur franceinfo au conflit diplomatique qui oppose son pays à la Russie depuis plusieurs jours. La Première ministre britannique Theresa May accuse Moscou d'avoir empoisonné un ex-espion russe en Angleterre, et annoncé des sanctions.

franceinfo : Qu'est ce qui permet au Royaume-Uni d'affirmer que la Russie est responsable de cette tentative d'assassinat ?

Lord Edward Llewellyn : Nos experts ont identifié l'agent neurotoxique qui a été utilisé dans cette tentative de meurtre. C'est un agent neurotoxique qui a été produit, nous le savons, par la Russie, et qui peut toujours être produit par la Russie. La Russie a malheureusement une histoire de tentatives d'assassinats contre des gens qu'elle considère comme des traîtres. Il y avait deux hypothèses : soit c'était une tentative de l'État russe, soit ils ont perdu le contrôle de leur stock de cet agent neurotoxique. Nous avons donné 24 heures à la Russie pour répondre, ils n'ont rien répondu. Si c'était la deuxième hypothèse, ils ont eu la possibilité de nous expliquer ce qui s'est passé. Ils n'ont rien fait à cet égard. Je pense qu'on peut en tirer les leçons. Ils ont traité cette question avec un sarcasme qui est un dédain quand il s'agit d'une tentative de meurtre sur le sol britannique, contre deux personnes qui sont maintenant dans un état critique, ainsi qu'un policier britannique qui est dans un état très grave.

La Russie dénonce une réaction hostile et injustifiée. Que répondez-vous ?

Ce n'est évidemment pas le cas, c'est de la propagande de Moscou. On est habitué à cette espèce de propagande. Il s'agit d'une tentative de meurtre sur le sol britannique. Il y a un lien entre le comportement russe en Ukraine, la manière dont ils ont essayé de changer les frontières européennes par la force et ce qui s'est passé au Royaume-Uni. Aujourd'hui c'est nous, demain, c'est peut-être la France, ou l'Allemagne, ou nos autres alliés ici en Europe et partout dans le monde.

Theresa May a demandé une réunion en urgence du Conseil de sécurité des Nations unies. Qu'attendez-vous de vos alliés ?

Nous attendons de nos alliés leur soutien et leur solidarité envers cette tentative de meurtre. Cette question des armes chimiques, de l'utilisation des agents neurotoxiques pour la première fois sur le sol européen depuis la Deuxième Guerre mondiale, c'est quelque chose qu'on ne peut pas supporter. C'est une affaire qui implique l'état de droit, pas seulement au Royaume-Uni, mais dans des pays comme le vôtre et comme le mien, qui partagent des valeurs. Nous sommes des démocraties. Nous croyons dans l'État de droit. On ne peut pas simplement ne rien faire, quand un agent neurotoxique est utilisé pour cibler deux personnes dans une ville anglaise le week-end. Il s'agit de quelque chose d'extrêmement grave qui menace l'état de droit international. Nous sommes en contact très étroit avec les autorités françaises. L'Elysée et le ministre des Affaires étrangères ont montré leur solidarité totale. L'utilisation des armes chimiques, c'est une question sur laquelle la France a mené l'opinion internationale, en annonçant une campagne contre l'impunité de l'utilisation des armes chimiques.

La Russie est-elle aujourd'hui une menace pour la démocratie ?

La Russie se comporte de manière menaçante envers nos valeurs et notre sécurité, la sécurité de notre continent et nos alliés. On avait espéré et pensé qu'après la chute de l'Union soviétique, la Russie choisirait une autre voie, la voie de la démocratie, des valeurs de l'État de droit, et malheureusement ce n'est pas le cas. C'est un énorme regret. Il faut que la Russie commence à se comporter comme un membre du Conseil de sécurité aux Nations unies, et cela implique un respect pour l'État de droit.

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