Reportage "Ça m'a mis un coup au moral" : dans les rues de Londres, l'annonce du cancer du roi Charles III a "choqué" les Britanniques

Tandis que Buckingham Palace se veut optimiste, c'est toute une nation qui a été secouée par la révélation du cancer du roi d'Angleterre, lundi.
Article rédigé par Richard Place, Willy Moreau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le roi Charles III et son épouse Camilla, le 4 février 2024 dans la résidence royale de Sandringham, au Royaume-Uni. (JOE GIDDENS / MAXPPP)

Le roi souffre d'un cancer. Après moins d'un an et demi sur le trône britannique, Charles III s'est lancé dans un combat contre "une forme de cancer" non précisée - indiquant toutefois qu'il ne s'agit pas d'un cancer de la prostate -, dont l'annonce a provoqué un choc au Royaume-Uni, lundi 5 février. Le roi a entamé lundi "un programme de traitements réguliers, au cours duquel les médecins lui ont conseillé de reporter ses activités publiques", selon le palais. Il continuera toutefois "à s'occuper des affaires de l'Etat et des tâches administratives comme à l'accoutumée". Si le souverain de 75 ans a assuré être "très optimiste" quant à son traitement, entamé lundi, et qu'il continuerait d'assurer certaines fonctions liées à son rôle de chef d'Etat de 15 pays dont le Royaume-Uni, pour les Britanniques rencontrés à Londres, c'est une très mauvaise nouvelle.

Francis trinque de bon cœur avec deux amis au King's Head, un pub londonien. Coincés dans un angle autour d'une petite table, les trois hommes ne parlent pas de foot pour une fois. Depuis qu'ils sont arrivés, un seul sujet de discussion : la maladie du roi. "Pour être honnête avec vous, j'ai failli ne pas venir ce soir, admet-il. Quand j'ai appris la nouvelle, ça m'a mis un coup au moral. Tout ce qui arrive à la famille royale, ça me touche. Ils font partie de nos vies. Ils sont sans doute tristes et c'est important pour nous aussi", précise-t-il.

"Je suis assez confiant"

Au bar, lui, James est venu commander une bière. En attendant sa pinte, il veut bien parler du cancer de Charles III. Ils en ont discuté rapidement à sa table, mais sans grande inquiétude : "Je suis assez confiant. Il est entouré par ses proches et par nous, les Britanniques. Il va recevoir les meilleurs soins possibles dans ce pays." 

Curieux, Alan s'approche et lui aussi veut parler du roi et de son cancer. Et plus précisément de son traitement : il travaille pour le NHS, le service de santé publique, et dès ses premiers mots, on comprend qu'il ne soutient pas la monarchie.

"Les autres malades du cancer n'auront pas une telle attention, justement parce que nos hôpitaux manquent d'argent et sont dans une situation très très difficile."

Alan, un Britannique

à franceinfo

"Combien de millions de livres sterlings va-t-il encore nous coûter ?", s'interroge-t-il. Mais Alan tient à conclure en souhaitant un prompt rétablissement à Charles III.

À l'arrière du palais de Buckingham, dans une rue annexe vide, deux jeunes rentrent de soirée. Hakim se fige quand on parle du roi Charles III, pas encore remis, lui non plus, de l'information tombée en fin de journée sur son portable : "J'étais vraiment surpris quand j'ai appris la nouvelle, j'ai ouvert mon téléphone et je l'ai vu sur Instagram, j'étais vraiment choqué", confie le jeune homme.

Charles III suit les conseils de ses médecins, il reporte ses activités publiques mais il s'occupe comme d'habitude des affaires de l'État et des tâches administratives. Le palais de Buckingham se montre plutôt optimiste, comme Aylee, croisée à quelques pas de la résidence royale : "Ce n'est bien sûr pas agréable d'apprendre qu'il a un cancer. C'est le même scénario pour tous les humains. J'espère qu'il récupérera vite, j'espère que les gens le soutiendront."

Une monarchie habituée au secret médical

Reste que le soutien se fait discret devant le palais de Buckingham : lundi soir, personne, pas de fleurs, pas de messages, pas de badauds... Quelques coureurs seulement passent derrière une rangée de journalistes. Un groupe d'étudiants égyptiens s'approche pour voir si le drapeau est en berne. Il ne l'est pas, évidemment, mais l'un des jeunes en profite et salue la médiatisation de ce cancer dans une monarchie plutôt habituée au secret médical pendant le règne d'Elisabeth II. "Je pense que c'est important qu'ils soient plus transparents à propos de tout, estime-t-il. Les personnes qui travaillent dans le palais doivent donner des informations et des mises à jour à propos de ce qu'il se passe pour donner de l'espoir."

Donner de l'espoir à la population, aux malades aussi, précise-t-il, dans une période particulière pour la famille royale. Il revient désormais surtout à la reine Camilla, 76 ans, et à William, 41 ans, qui doit reprendre ses activités mercredi après être resté au chevet de son épouse ces derniers jours, de représenter la monarchie auprès du public. Car, au cancer de Charles III s'ajoute une mystérieuse opération à l'abdomen pour Kate, l'épouse du futur roi William. Elle poursuit sa convalescence depuis sa sortie de l'hôpital il y a une semaine.

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