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Royaume-Uni : quatre questions sur les grèves massives contre l'inflation qui paralysent le pays

Les employés du secteur des transports font grève depuis plusieurs jours pour demander des hausses de salaires face à la hausse des prix à deux chiffres qui frappe le pays.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Une piétone passe devant les portes fermées de la station de métro Victoria, en raison de la grève des bus et du métro, à Londres, le 19 août 2022. (HOLLIE ADAMS / AFP)

Elles sont baptisées les "grèves de la colère". Depuis le début de l'été, le Royaume-Uni est touché par une série de journées de mobilisation contre l'inflation, qui frappe le pays plus sévèrement que ses voisins en Europe. Le mouvement s'est accentué jeudi 18 août, avec des débrayages massifs. De nombreux secteurs, dont les transports, ont appelé à la grève pour obtenir des hausses de salaire. Vendredi, le métro londonien a été quasiment entièrement paralysé et samedi, seul un train sur cinq circule dans le pays. En juin, 50 000 conducteurs de train s'étaient déjà mis en grève pour dénoncer des "milliers de licenciements prévus".

Pourquoi les prix s'envolent-ils ? Que réclament les salariés ? Combien de temps la mobilisation peut-elle durer ? Eléments de réponse.

Pourquoi l'inflation est-elle aussi élevée ?

L'inflation a atteint outre-Manche 10,1% en juillet – contre 6,1% en France – et pourrait atteindre 13% en octobre, un niveau jamais atteint depuis 30 ans. Le Royaume-Uni est ainsi le pays du G7 avec l'inflation la plus élevée. Cette hausse généralisée des prix s'explique principalement par l'explosion des tarifs de l'énergie, en lien avec la guerre en Ukraine.

Contrairement à la France, le Royaume-Uni n'a mis en place aucun bouclier tarifaire sur les prix du gaz et de l'électricité. Les ménages britanniques ont ainsi été touchés de plein fouet. Des milliers de Britanniques menacent d'ailleurs de ne plus payer leurs factures à partir du 1er octobre si les prix ne redescendent pas.

Quelles sont les revendications des salariés ?

Les salariés grévistes réclament des revalorisations de salaire au niveau de l'inflation, c'est-à-dire 13%. Leur revendication n'a, pour l'instant, pas trouvé écho. Les employés du secteur ferroviaire ont refusé une offre de revalorisation des salaires à hauteur de 8%, faite par la société privée Network Rail, en échange de leur consentement à des réformes pour moderniser la société. Les syndicats accusent la société privée de vouloir en réalité procéder à des licenciements massifs.

Dans les transports publics londoniens, plombés par la pandémie de Covid-19 et qui cherchent des solutions de financement pérennes, les salariés font aussi grève pour s'assurer que les emplois, le régime de retraite et les conditions de travail seront maintenus.

Comment les responsables politiques réagissent-ils ?

Le ministre des transports, Grant Shapps, a reproché aux syndicats d'avoir refusé l'offre de 8% de Network Rail sans l'avoir proposée au vote à leurs membres. "Si seulement les patrons syndicaux proposaient cette offre à leurs membres, je suis presque sûr que cette grève serait terminée", a-t-il commenté au micro de la BBC.

Liz Truss, favorite dans la course à la succession de Boris Johnson à Downing Street, a elle aussi accusé les syndicats de bloquer la situation. "En tant que Premier ministre, je ne laisserai pas notre pays être rançonné par des syndicalistes militants", a-t-elle déclaré dans un tweet. La conservatrice a promis qu'elle réprimerait plus durement la grève quand elle serait Première ministre.

Le maire de Londres, Sadiq Khan, accuse lui le gouvernement conservateur de "pousser délibérément (les syndicats) à la grève à Londres". Le travailliste a par ailleurs dit qu'il comprenait les revendications des grévistes, bien qu'il ne soutienne pas le mouvement. "Je pense que les grèves sont un signe d'échec, mais il est important de comprendre les frustrations et les inquiétudes des travailleurs des transports", a-t-il déclaré sur Sky News (en anglais).

Combien de temps doivent durer ces grèves ?

Le secrétaire général du syndicat Maritime and Transport (RMT), Mick Lynch, a prévenu que la grève des cheminots pourrait "se poursuivre indéfiniment" si aucun accord satisfaisant n'est trouvé. A Felixtowe, le plus grand port de fret du pays, les dockers ont déposé un préavis de grève de huit jours à compter de dimanche. Cette mobilisation menace de mettre à l'arrêt une grande partie du trafic de marchandises du Royaume-Uni. Ce port n'avait pas connu de grève depuis 1989.

"Je pense que le public britannique en a assez d'être arnaqué par ce gouvernement et par les entreprises britanniques, avec des entreprises comme BP et British Gas qui font des profits énormes alors que les gens ont du mal à gagner leur vie", a déclaré Mick Lynch samedi sur la BBC (en anglais).

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