Témoignage Mort d'Alexeï Navalny : le défenseur des droits de l'homme Lev Ponomarev salue "un vrai héros" et appelle les Russes à se révolter

Le co-fondateur de l'ONG russe Mémorial, qui a reçu le prix Nobel de la paix en 2022, vit exilé en France. La mort de l'opposant russe ne l'étonne pas.
Article rédigé par Hajera Mohammad
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Lev Ponomarev, co-fondateur de l'ONG russe Mémorial qui a reçu le Prix Nobel de la paix en 2022. (HAJERA MOHAMMAD / RADIO FRANCE)

De nombreuses questions sont toujours en suspens après la mort en prison d'Alexei Navalny. Après l'annonce de sa mort vendredi, la famille de l'opposant à Vladimir Poutine ne sait toujours pas où son corps se trouve et les causes du décès restent floues. Ce qui n'étonne pas les opposants historiques au Kremlin, comme Lev Ponomarev, défenseur des droits de l'homme et cofondateur de l'ONG russe Mémorial qui a reçu le Prix Nobel de la paix en 2022.

Il a lui-même été menacé d'être emprisonné et vit exilé en France depuis un an et demi. Quand son ONG a reçu le Nobel de la paix, Lev Ponomarev avait déclaré que ce prix aurait dû être attribué directement aux prisonniers politiques russes et il avait cité Alexeï Navalny. En apprenant sa mort vendredi, il n'a pas été surpris : "Je vous avoue que je m'y attendais un peu. Je m'attendais à ce qu'on se débarrasse de lui. La première chose que je me suis dit en l'apprenant, c'est que cet homme est un vrai héros, celui qu'on étudiera dans les livres d'histoire plus tard, parce que ce sera un personnage historique pour la Russie."

Alexeï Navalny "a été tué, c'est évident"

Pas de surprise non plus concernant le mystère autour de la dépouille de l'opposant politique et autour des causes de sa mort. "Ça ne m'étonne pas du tout, poursuit Lev Ponomarev. Moi qui pendant longtemps ai défendu des prisonniers, même pas politiques, je vous le dis, c'est une pratique très courante. On force aussi des familles à signer de faux papiers et des refus officiels de récupérer le corps. Mais dans le cas de Navalny, ils n'auront pas le choix et devront le rendre. Mais oui, je pense qu'il a été tué, c'est évident."

Exilé à des milliers de kilomètres de son pays, Lev Ponomarev salue ses compatriotes descendus dans la rue ces dernières heures pour manifester. Pour lui, les sanctions et l'indignation de la communauté internationale ne suffiront pas, c'est à la société civile russe de se révolter : "Pour le moment, ça ne suffit pas. Mais la répétition, la fréquence de ces petites manifestations, notamment au moment de la présidentielle, le mois prochain, ça, c'est important."

"Tous ces petits mouvements démontrent la non-légitimité de Poutine et progressivement, j'espère que son entourage va s'en rendre compte et va l'écarter."

Lev Ponomarev, co-fondateur de l'ONG russe Mémorial

à franceinfo

Cela prendra du temps, des années peut-être encore, Lev Ponomarev en est conscient. Lui qui a 82 ans garde l'espoir de revoir un jour son pays : une Russie sans Poutine "ou avec Poutine derrière les barreaux", sourit-il. En attendant, il mène le combat depuis Paris où il a fondé l'institut Andrei Sakharov pour défendre les droits de l'homme.

Le témoignage de Lev Ponomarev, recueilli par Hajera Mohammad

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.