Covid-19 : en Russie, "les chiffres officiels ne correspondent pas à la réalité", estime Marie Mendras, spécialiste du pays

Saint-Pétersbourg a enregistré samedi le bilan quotidien de décès dûs au Covid-19 le plus élevé dans ce pays depuis le début de la pandémie, avec 107 morts en 24 heures. "Les chiffres officiels ne correspondent pas à la réalité", assure dimanche 27 juin sur franceinfo la spécialiste de la Russie Marie Mendras. "Avoir accepté que l'Euro se joue notamment à Saint-Pétersbourg" est "une aberration", ajoute la politologue au CNRS. Un match de la compétition doit encore se disputer sur place : un quart de finale vendredi prochain, avec potentiellement la France, si elle bat la Suisse lundi.

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franceinfo : La Russie dit-elle la vérité sur l'ampleur de l'épidémie de Covid-19 sur son territoire ?

Marie Mendras : Depuis le début, les chiffres officiels ne correspondent pas à la réalité. Par exemple, les autorités annoncent 132 000 décès de la pandémie depuis début de l'année 2020 et le ministère de la Santé annonce pour la même période une surmortalité de 475 000. Le décalage dit, je crois, presque tout. Il faut savoir que les chiffres communiqués quotidiennement ne sont que les chiffres de morts du Covid-19 répertoriés dans les hôpitaux. D'ailleurs, il suffit qu'une personne malade du Covid-19 ait une autre comorbidité pour que le décès soit attribué à cette comorbité.

À quoi ressemble la gestion de la pandémie en Russie ?

Dès le début, elle a été très mauvaise. Il semble que Vladimir Poutine était en état de sidération quand la pandémie s'est développée en Russie. Il s'est bunkérisé et a été très peu présent sur le front de la pandémie. Ce sont les maires de ville, les gouverneurs de région qui ont dû essayer de faire face avec des moyens très insuffisants.

"On a beau dire que la Russie est un pays très centralisé, il n'y a eu pratiquement pas de mesures à l'échelle nationale."

Marie Mendras, politologue

à franceinfo

Au premier confinement, chaque ville, chaque région dictait les restrictions. Ce n'est que plus tard que sont venues des consignes nationales. Aujourd'hui, dans la panique [le pays est frappé de plein fouet par le variant Delta, d'abord repéré en Inde], c'est de nouveau les maires de villes qui annoncent les restrictions et elles sont toutes différentes d'une ville à une autre.

La Russie peut-elle admettre que se rendre à Saint-Pétersbourg, pour l'Euro, c'est prendre un risque pour sa santé ?

Ils diront toujours que c'est de la propagande contre eux. Le principe du fonctionnement par le mensonge, c'est que vous êtes toujours dans le déni et vous ne pouvez pas dire : "Oui, j'ai menti sur quelque chose". C'est une aberration que d'avoir accepté que l'Euro se joue notamment à Saint-Pétersbourg, en dépit de pétitions, notamment en France.