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Même en Russie, la fourrure se vend de moins en moins : "Je porte une doudoune et c'est très bien comme ça"

En Russie, porter une fourrure est une question de statut social. Pourtant, entre motivations éthiques, raisons économiques et délaissement par les grandes maisons de mode, les ventes chutent de 25% par an.

Article rédigé par Sylvain Tronchet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Une collection de pièces de fourrure au Salon international de la fourrure de Moscou, en 2017. (MLADEN ANTONOV / AFP)

La fourrure est-elle en plein déclin en Russie ? Mardi 1er février, la maison italienne de haute-couture Dolce & Gabbana a annoncé qu'elle abandonnait la fourrure, après Prada, Armani, Gucci ou encore Versace. Des maisons françaises, comme Chanel et Saint-Laurent, ou britannique, comme Burberry, ont pris la même décision ces dernières années.

Dans le monde, les vêtements de fourrure naturelle sont en effet de moins en moins populaires, notamment pour des raisons éthiques et après la dénonciation de cas de maltraitance animale dans certains élevages. La Russie, qui apparaissait jusqu'à peu comme l'un des derniers bastions de la fourrure fièrement portée, semble, elle aussi, se détourner de cette tradition. 

Entre choix éthique et choix économique

Une petite promenade dans les rues de Moscou par –10°C permet encore de croiser beaucoup de fourrure. "C'est un vêtement qui affiche votre statut. Ça a toujours été comme ça", explique Anna, la quarantaine élégante. "Ça vous donne de la confiance en vous et vous vous sentez vraiment femme", dit fièrement la chanteuse lyrique, manteau de vison sur le dos. Elle n'imagine pas s'habiller autrement : "Je regrette de ne pas avoir mis mon lynx aujourd'hui", ajoute-t-elle, affirmant avoir "quelques" manteaux de fourrure "pour toutes les occasions de la vie"

Mais si la fourrure est une véritable tradition en Russie, les ventes chutent actuellement de 25% par an. "Je n'en porte pas et je n'en porterai jamais", explique ainsi Alina, 29 ans. Comme elle, de nombreux jeunes ne veulent pas en entendre parler. "Ma mère me disait toujours : 'Allons acheter un manteau de fourrure, c'est bien chaud'. J'aime trop les animaux pour leur faire du mal. Je suis même contre la fausse fourrure. Je porte une doudoune et c'est très bien comme ça."

Ces raisons éthiques n'expliquent qu'en partie cette désaffection. Il y a aussi des arguments économiques : la mode privilégiant des vêtements pratiques, que l'on change souvent, l'époque où les Russes pouvaient économiser pendant des années pour pouvoir se payer un vison semble révolue. Le premier vendeur de fourrure en Russie vient donc de fermer son usine de Moscou.

"Ces tendances avaient déjà touché les producteurs de fourrure. Dès que les grandes maisons de mode ont cessé d'utiliser de la fourrure, c'était fini", témoigne Andrei Kalaiev, le fondateur. "Ce business a occupé l'essentiel de ma vie et il s'est effondré en quelques années", regrette-t-il. Pour s'adapter aux nouvelles exigences des consommateurs, la marque Kalaiev va désormais s'apposer sur des fourrures synthétiques.

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