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Guerre en Ukraine : comment Telegram s'impose comme la messagerie incontournable dans la bataille de la communication

Le patron de la milice Wagner, Evguéni Prigojine, a pris la parole lundi pour la première fois depuis sa tentative de rébellion, dans un message de 11 minutes sur Telegram. Il a été vu des millions de fois.
Article rédigé par franceinfo, Frédéric Says
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Telegram (photo d'illustration). (ARNAUD JOURNOIS / MAXPPP)

Le chef du groupe paramilitaire, Evguéni Prigojine, s'est justifié, lundi 26 juin dans l'après-midi, après le coup de force de ce week-end. Une prise de parole diffusée une nouvelle fois sur Telegram. Cette application de messagerie sécurisée, au cœur de la guerre de communication, est utilisée aussi bien côté russe que côté ukrainien.

>> Guerre en Ukraine : comment l'application Telegram a pris une place centrale sur le front numérique

Le message audio de 11 minutes a été posté par Evguéni Prigojine et suivi par 1,3 million d'abonnés. "Avant la guerre, Telegram était déjà extrêmement populaire dans l'ex-URSS", explique Kévin Limonier maître de conférences à l'institut français de géopolitique, spécialiste du cyber. Et pour cause : "l'application est réputée pour ne pas être surveillée par les services de sécurité russes, le FSB".

Moscou a même tenté de fermer Telegram, il y a cinq ans. En vain. La messagerie, fondée par un entrepreneur russe, aujourd'hui en exil, avait à l'époque refusé de communiquer les données des utilisateurs. Et le succès est croissant depuis ce temps-là : selon le site TGStat, ce sont aujourd'hui quelque 605 000 chaînes et 55 500 groupes Telegram actifs en Russie pour une audience cumulée de trois milliards de vues. Ce qui fait du pays le plus gros utilisateur de l'appli de messagerie cryptée. La Russie est d'ailleurs suivie par... l'Ukraine et ses 61 000 chaînes actives rassemblant une audience cumulée de 323 millions, puis la Biélorussie.

Confidentialité non-garantie

Pourtant, selon Kévin Limonier, la confidentialité de cette messagerie n'est pas garantie. "Il y a une sorte de statu quo qui existe puisque de nombreuses entreprises, Telegram compris, n'ont aucun intérêt à se brouiller avec le Kremlin, mais elles n'ont aucun intérêt non plus à suivre aveuglément ces mêmes autorités dans leurs aventures géopolitiques de plus en plus précaires", souligne le chercheur. 

Si l'application se veut neutre, elle est surtout passive et réalise très peu de contrôles. Comment savoir si cette vidéo est authentique ? Comment vérifier telle ou telle informations ? Les sources fiables y côtoient donc les fausses nouvelles et autres nouvelles alternatives, pour ne pas dire complotistes. Et les deux camps prolongent sur cette messagerie leur guerre de communication.

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