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Jo de Sochi : l’affront de Poutine aux Circassiens
Publié le 07/02/2014 09:26
Mis à jour le 07/02/2014 10:52
Temps de lecture : 1min
Ville située au bord de la mer Noire, Sochi se trouve dans le kraï de Krasnodar, dans la partie russe du Caucase. Y accueillir les JO d’hiver fait ressurgir un lourd passé chargé de conflits.
La Circassie est une ancienne partie de cette région du Caucase, conquise lors des guerres du même nom par l’empire russe au XIXe siècle. Le sang de milliers de musulmans y a coulé. Les survivants ont été contraints à l’exode.
Les descendants des quelques Circassiens qui ont pu rester dans le pays après les massacres vivent aujourd’hui dans les Républiques russes de Karatchaïevo-Tcherkessie, de Kabardino-Balkarie et d’Adygée, non loin de Sochi.
La diaspora exige que le Kremlin reconnaisse ce moment de l’Histoire comme un génocide. Ce qu’a toujours refusé son principal représentant, Vladimir Poutine.
Le photographe Thomas Peter s’est rendu dans cette région, où il a rencontré une délégation de la diaspora en visite sur les sites historiques ainsi que les habitants du village de Tkhagapsh.
Vladimir Poutine remonte à la surface deux morceaux d’amphores grecques. Pour les Circassiens, derrière cette anecdote, se cache le profond mépris du président russe envers leur peuple. Par cet événement médiatisé, il veut montrer que les Grecs avaient vécu dans la région, oubliant de citer les tribus circassiennes, habitants de ces rivages de la mer Noire pendant des siècles. Après les remarques des experts sur la propreté de ces vestiges, censés avoir passé des siècles dans l’eau, le service de presse du Kremlin avait reconnu une mise en scène. (AFP PHOTO / RIA NOVOSTI / POOL / ALEXEY Druzhinin)
devant le consulat de Russie à Istanbul, le 2 février 2014. Ils demandent la reconnaissance du Muhajir (génocide circassien) par Moscou. En 1864, le tsar Alexandre II avait ordonné la déportation de ce peuple dont plus de 95% avaient été massacrés. ( REUTERS / Osman Orsal )
Entre 500.000 et un million de Circassiens sont morts «de la faim, de la violence, de la noyade et des maladies», explique le journaliste et auteur Oliver Bullough. Les survivants des nombreuses tribus (Abkhazes, Oubykhs, Abazes,…) ont fuit vers l’Empire ottoman. (The Art Archive / Musée de l'Ermitage de Saint-Pétersbourg / Alfredo Dagli Orti )
venus d’Arabie Saoudite, de Jordanie, de Syrie, de Turquie, d’Israël, du Canada, d'Allemagne et des Etats-Unis visitent la terre de leurs ancêtres. (REUTERS/Thomas Peter )
d’une ancienne colonie russe détruite pendant la guerre du Caucase. (REUTERS/Thomas Peter )
C’est dans la vallée de Krasnaïa Poliana, le «Champ rouge», que les Russes écrasèrent les Circassiens. Pour les vainqueurs, ce nom évoque les couleurs de la végétation en automne. Pour les Circassiens, celui du sang de leur ancêtres. Construire une partie des infrastructures des Jeux Olympiques dans ce lieu chargé de mémoire, tombeau de leurs ancêtres, est pour eux un affront. (REUTERS/Thomas Peter )
Hasard du calendrier ou pas, 150 ans après le massacre et la défaite circassienne en 1864, a lieu l’ouverture des Jeux de Sochi. Une pilule dure à avaler pour les descendants de ce peuple qui se sentent une fois de plus humiliés par le maître du Kremlin. (REUTERS/Thomas Peter )
A la fin de la guerre, quand l’Empire russe a annexé la Ciscaucasie (ensemble des territoires du Caucase du nord), les survivants ont été contraints à l’exil. Seule une minorité a été autorisée à rester. (REUTERS/Thomas Peter )
au sein du Parc national de Sochi, est l'un des rares villages de ce côté de la montagne où des Circassiens sont encore majoritaires. Niché dans les contreforts à 85 km au nord-ouest de la ville balnéaire, le village abrite 180 habitants. (REUTERS/Thomas Peter )
Tkhagapsh dispose d'une petite mosquée en bois et d’un centre culturel, qui entretient le folklore de la région. (REUTERS/Thomas Peter )
les anciens profitent de leur visite au musée de Tkhagapsh pour immortaliser les toiles qui racontent un peu de leur histoire. (REUTERS/Thomas Peter )
babouchka (grand-mère) de 82 ans, et sa petite fille Saira. Pour Mme Chachukh, Sochi est loin. Elle espère seulement que les jeux se déroulent sans violence car Dieu n’aime pas la guerre. (REUTERS/Thomas Peter )
un autre villageois, explique autour d’un café «que ses ancêtres se sont installés ici en 1872, avec d'autres familles circassiennes, longtemps après la fin de la guerre». (REUTERS/Thomas Peter )
sont les deux derniers villageois encore éleveurs. (REUTERS/Thomas Peter )
a hérité de son père d'une exploitation apicole et il produit son propre vin. Historiquement, l’apiculture est l'un des métiers exercés traditionnellement par les Circassiens. (REUTERS/Thomas Peter )
qui milite au sein d’associations pour préserver la culture circassienne, insiste pour que Tkhagapsh reste au sens culturel, une terre circassienne. (REUTERS/Thomas Peter )
habite une maison traditionnelle en bois peinte en bleu. Ancien correspondant de l'armée soviétique et écrivain, il sait que la culture et la langue de son peuple sont vouées à disparaître à plus ou moins long terme. Pour retarder cette tragédie, il aimerait que le gouvernement les aide financièrement à les sauvegarder. (REUTERS/Thomas Peter )
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