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Le tourisme turc victime des représailles russes

L'aviation turque ne savait pas en abattant un avion militaire russe, qu'elle tirait à bout portant sur sa propre économie. Parmi les secteurs touchés, le tourisme. Le pays est la deuxième destination de vacances russe. Or, la Turquie vient d'être déclarée zone «à forte menace terroriste» pour les ressortissants russes par le ministère des Affaires étrangères, tarissant leur afflux.
Article rédigé par Frédérique Harrus
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Antalya (Turquie), le 25 juillet 2014. Drapeau turc arboré par le petit bateau à moteur d'un hôtel.
 (Natalia Seliverstova/Sputnik)

Le 24 novembre 2015, l'aviation turque abattait un chasseur SU-24 russe à la frontière syrienne. La Russie appréciant peu la façon de faire a décidé de le faire savoir. Elle a mis en place des sanctions en représailles à la destruction de l'aéronef. Ce sont ainsi quatre secteurs de l'économie turque qui se sont trouvés touchés : les travaux publics, l'énergie, l'agriculture et au premier rang, le tourisme.

La Russie a beau être le deuxième fournisseur de touristes en Turquie – 4,12 millions en 2013 et 4,3 millions en 2014 –, les principaux voyagistes ont cessé la commercialisation des voyages vers ce pays sur les recommandations du ministère russe des Affaires étrangères et de l’Agence fédérale du tourisme. Leur première destination d'hiver (pour les Russes proches de l'Europe) était l'Egypte. Mais après l'attentat du 31 octobre 2015 contre l'A321 de la compagnie à bas-coût russe (224 morts), les liaisons aériennes entre les deux pays se sont arrêtées. Bien que moins chaude et ensoleillée que l'Egypte, la Turquie avait quand même récupéré les touristes en déshérence.

Deux destinations à bas coût honnies par Moscou
Et voilà que Moscou déconseille à ses concitoyens tout séjour en Turquie parce que la menace terroriste n'y est «pas moindre qu'en Egypte», selon le chef de la Diplomatie, Sergueï Lavrov.

«Nos citoyens qui se trouvent en Turquie pourraient se retrouver en danger», a confirmé le président Vladimir Poutine, scellant le sort du pays destinataire mais aussi celui de la classe moyenne russe qui perd en moins d'un mois ses deux principales destinations de vacances à bas coût et «tout compris».

Offensive de l'Italie et d'Israël
Deux pays y voient une occasion en or de récupérer cette clientèle russe dépourvue de destination de vacances, l'Italie et Israël. «Suite à des problèmes internationaux, cette part du marché pourrait revenir à l'Italie. Il n'y a qu'un pas à faire pour y arriver», a déclaré Alessandro Casula, dirigeant de la société Russkiy Kliuch (clé russe), qui attribue des notes aux hôtels en fonction du niveau des services offerts aux touristes russes (personnel russophone, menu en russe, etc.). Alessandro Casula essaye de mobiliser ses collègues dans l'optique de récupérer ce marché.

Voyant aussi une carte à jouer, Israël a lancé une offensive de charme, inondant les télévisions russes de publicité. Selon la presse russe, une délégation s'est récemment rendue à Moscou pour proposer des subventions pour les vols vers la station balnéaire d'Eilat.

Dans un premier temps, l'impact économique reste limité, mais si la situation de boycott (au nom de la sécurité) s'installe, les pertes risquent de se révéler sévères pour le tourisme turc d'ici trois mois. 

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