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Russie : 30 ans après la fin de l’URSS, les anciens dissidents luttent toujours pour leur réhabilitation

 Aucune cérémonie officielle n'est organisée ce mercredi, jour anniversaire de la chute du régime communiste. Franceinfo a recueilli le témoignage d'anciens prisonniers politiques qui tentent de faire vivre cette mémoire.

Article rédigé par Sylvain Tronchet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Sur cette photo d'achive datant de 2009, le journaliste russe Alexandre Podrabinek, ancien opposant au régime soviétique, s'exprime lors d'un rassemblement à Moscou.  (DMITRY KOSTYUKOV / AFP)

ELena Sannikova avait 32 ans en 1991. Parce qu'elle avait fait circuler des livres sous le manteau, cette mère de famille russe a été internée de force puis assignée à résidence en Sibérie. Ce mercredi 8 décembre est une date qu'elle n'a pas oublié : "Je me souviens que je venais d'avoir ma fille, qui est née le 19 novembre. Je lui avais donné le bain. Je suis sortie de la salle de bain avec elle, dans les bras. Et là, dans la cuisine, mon mari et ma mère m'ont dit que la radio avait annoncé que l'Union soviétique avait cessé d'exister. J'ai regardé ma fille et je lui ai dit 'Tu ne vivras pas en Union soviétique'".

"Le gouvernement essaie d'embellir l'histoire"

Il y a trente ans, le 8 décembre 1991, les dirigeants de la Russie, de l'Ukraine et de la Biélorussie se réunissaient en secret dans l'ouest de la Biélorussie, et signaient les accords de Belaveja. Un texte proclamant la disparition de l'URSS et annonçant la formation de la Communauté des États indépendants. En Russie cette journée ne fait pas l'objet d'une célébration spéciale mais ce jour reste particulier pour ceux qui ont lutté contre le régime soviétique.

Alexandre Podrabinek n'a pas oublié non plus. Ce journaliste proche du célèbre dissident Andrei Sakharov a connu les camps de travail pendant trois ans en Sibérie mais à l'époque, il sait que la tâche sera compliquée : "Le combat ne consistait pas à vaincre l'idéologie communiste parce qu'elle était morte depuis longtemps."

"Notre tâche était de réussir à surmonter la peur de l'appareil répressif et nous n'y sommes pas parvenus."

Alexandre Podrabinek, journaliste

à franceinfo

Trois décennies plus tard, la réhabilitation des dissidents n'a souvent été que partielle, ceux qui ont été privés de leurs biens ne les ont jamais récupérés. Et les indemnisations ont parfois disparu dans la spirale de l'inflation des années 90. Même les cérémonies se réduisent, explique Elena Sannikova. Les officiels ne viennent plus aux commémorations.

Pour Alexandre Podrabinek, la mémoire des dissidents vient percuter le récit national que l'actuel pouvoir russe voudrait imposer : "Le gouvernement essaie d'embellir l'histoire de la Russie comme si tout le monde avait été beau et gentil. Et les prisonniers politiques ne s'inscrivent pas vraiment dans cette tendance. C'est pour cela que le pouvoir tente de présenter la répression comme une erreur ou un malentendu humain."

Alexandre Podrabinek et Elena Sannikova militent toujours pour les droits de l'homme en Russie aujourd'hui. Trente ans après la fin de l'URSS, ils sont toujours considérés comme des opposants.

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