Russie : le rouble chute, les autorités veulent à tout prix éviter une grogne sociale
En Russie, le rouble est au plus mal et la Banque centrale a dû intervenir mardi 15 août en annonçant une hausse de son taux directeur de 8,5 à 12 %. Cette mesure d'urgence a été prise pour tenter d'enrayer la chute de la devise russe qui a passé lundi 14 août le cap symbolique des 100 roubles pour un dollar, et dépassé les 110 roubles pour un euro. L'annonce de la Banque centrale a semblé calmer un peu la tempête mais le rouble ne s'est pas beaucoup redressé.
>> Face à la chute du rouble, la Banque centrale russe se réunit en urgence
Il faut dire qu'Elvira Nabioullina, la gouverneure de la banque de Russie, était sous pression depuis plusieurs jours, le Kremlin lui demandant d'intervenir. Les autorités russes craignent en fait le retour de l'inflation. La situation extérieure est déjà suffisamment difficile comme cela pour ne pas avoir, en plus, une grogne en interne à gérer parce que les prix montent.
Déjà, au début de la guerre, la hausse du taux directeur à 20 % avait permis d'enrayer la chute du rouble, et de juguler l'inflation. La banque de Russie l'avait ensuite abaissé. Elle est donc désormais obligée de le relever à nouveau, pour sauver la monnaie nationale et le porte-feuille des Russes. Les tensions inflationnistes font leur retour avec un rythme annuel de 5 à 7 %.
Un enjeu social pour les autorités russes
Cette inflation, les Russes commencent à ressentir les effets. C'est le cas d'Anna, une retraitée habitant à Moscou : "Je le vois tous les jours en faisant les courses. Les produits de première nécessité ne bougent pratiquement pas, mais les vêtements et les choses comme ça, je n'en achète pas. Mes enfants sont gentils, ils m'aident, ils me donnent des billets pour le théâtre ou les concerts. Je n'ai jamais mangé de foie gras, les pommes de terre, c'est tout ce qu'il me faut".
Il y a un véritable enjeu social pour le pouvoir russe, afin de maintenir le calme à l'intérieur du pays. Malgré tout, de nombreux Russes ont intériorisé, presque anticipé les difficultés. "Avec 'l'opération spéciale', cela engendre des dépenses. Rien n'est gratuit, tout se paie. Mais nous sommes passés par beaucoup de ces situations. Ce n'est pas la première et, j'en suis sûr, pas la dernière. Les crises succèdent aux crises", explique par exemple Nikolai, un Moscovite.
Beaucoup d'experts doutent de l'efficacité des mesures prises par la Banque centrale. La réalité, c'est que l'économie russe est prise dans un étau entre la baisse des cours des hydrocarbures, la baisse des exportations de pétrole et de gaz suite au boycott des Européens, le renchérissement des importations à cause des sanctions et la fuite des capitaux. La situation est compliquée pour le régime et l'effondrement du rouble, qui vaut quasiment la moitié de ce qu'il valait à l'été 2022, n'est finalement peut-être pas le moindre de ses problèmes.
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