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Tchétchénie : les arrestations d'homosexuels "ont repris depuis la fin du ramadan"

Les arrestations dans la communauté homosexuelle de Tchétchénie sont reparties à la hausse depuis la fin du ramadan, selon le président du réseau LGBT Russie, en déplacement à Paris vendredi. Une soixantaine de personnes ont été exfiltrés, dont plusieurs en France.

Article rédigé par Elise Delève
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
 Igor Kochetkov, le président du réseau LGBT Russie, le 30 juin 2017 à Paris. (BERTRAND GUAY / AFP)

En Tchétchénie, la situation des homosexuels est toujours critique. La communauté gay est la cible de purge depuis le mois d'avril. Le président du réseau LGBT Russie, Igor Kochetkov, qui était à Paris vendredi 30 juin, dénonce un "crime contre l'humanité"

"Des centaines" d'homosexuels arrêtés en Tchétchénie, selon Igor Kochetkov, président du réseau LGBT Russie

"Nous savons qu'il y a des centaines de personnes, et je pèse mes mots, qui ont été arrêtées à cause de leur orientation sexuelle, explique-t-il. Elles ont été placées dans des lieux de détention arbitraire mis en place par les autorités. Ces homosexuels ont été torturés jusqu'à ce qu'ils dénoncent et donnent les noms d'autres homosexuels. Certains d'entre eux ont été ensuite tués." Six homosexuels tchétchènes ont été tués depuis le mois d'avril.

"Les tortionnaires se considérant musulmans respectent le ramadan"

Les arrestations s'étaient calmées mais elles ont repris depuis la fin du ramadan dans cette république à majorité musulmane. "Nous avons un numéro d'urgence où les gens peuvent nous appeler et, depuis la fin du ramadan, le nombre d'appels a augmenté, assure Igor Kochetkov. Certains nous disent que c'est lié à la nature de ce mois. Les tortionnaires se considérant musulmans respectent le ramadan et on a observé qu'il n'y avait plus d'arrestations, ou moins. Depuis quelques jours, elle ont repris."

Le réseau LGBT Russie, dirigé par Igor, exfiltre une à deux personnes par semaine. Elles sont amenées en lieu sûr en Russie avant de partir vers d'autres pays si elles le demandent. Une soixantaine d'homosexuels tchétchènes ont été exfiltrés, dont plusieurs en France ces derniers jours.

"Ces gens-là sortent de l'horreur"

Mais l'accueil est difficile. L'Hexagone compte une des plus grosses communauté tchétchène d'Europe, plus de 40 000, et les homosexuels exfiltrés ont peur d'être, une fois de plus, persécutés d'autant que les demandes d'asiles sont très longues

"Il faut un suivi psychologique, psychiatrique, médical, administratif, détaille Arnaud Gauthier-Fawas, porte-parole aux questions internationales pour l’Inter-LGBT France. Tout cela suppose déjà des process de traductions. Il faut qu'on ait confiance dans les traducteurs, être sûr qu'ils ne soient pas homophobes, être sûr qu'ils traduisent correctement les propos. Et, surtout, ces gens-là sortent de l'horreur."

Ils ont été torturés, violés, mutilés dans les prisons en Tchétchénie. Ils ont besoin de temps pour se reconstruire donc ils ont besoin de calme et, forcément, ça rallonge les délais.

Arnaud Gauthier-Fawas, Inter-LGBT France

à franceinfo

L'Office français de l'immigration assure la sécurité des demandeurs d'asile pendant leurs démarches. Igor Kochetkov, lui, demande une protection totale de l'État français. 

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