"L'Ukraine n'est pas près de tomber", affirme la présidente de la République de Géorgie
En 2008, c'est la Géorgie que la Russie de Vladimir attaquait. Salomé Zourabichvili souhaite aujourd'hui que son pays, mais aussi la Moldavie et l'Ukraine, fassent "un pas de plus" vers l'Union européenne.
"L'Ukraine n'est pas près de tomber. L'Ukraine résistera comme Etat, quelle que soit l'issue de la guerre en tant que telle, et quelle que soit l'issue des négociations qui commencent aujourd'hui", a déclaré lundi 28 février sur France Inter Salomé Zourabichvili, présidente de la République de Géorgie depuis 2018. Selon elle, "l'Ukraine ne disparaîtra pas comme Etat" et la présidente géorgienne fait le parallèle avec la situation de son propre pays : "Non seulement la Géorgie n'a pas disparu comme Etat, mais elle n'a pas changé d'orientation à la suite de la guerre."
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En août 2008, la Russie avait lancé une attaque terrestre dévastatrice contre la Géorgie qui combattait des milices prorusses dans sa région séparatiste d'Ossétie du Sud, après avoir bombardé des villages géorgiens. La Russie avait aussitôt reconnu l'indépendance de deux "républiques" séparatistes, l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud, après une guerre éclair contre Tbilissi, ex-république soviétique qui, comme l'Ukraine, ambitionnait de rejoindre l'Otan.
.@Zourabichvili_S : "L’Ukraine n’est pas près de tomber. L’Ukraine résistera et ne disparaîtra pas comme Etat. C’est aussi ce que la Russie a dû apprendre lors de la guerre avec la Géorgie." pic.twitter.com/uNTmyD6KRf
— France Inter (@franceinter) February 28, 2022
Salomé Zourabichvili reconnaît que la Géorgie "a perdu 20% de son territoire, c'est une tragédie quotidienne" et qu'elle ressent "une pression systématique sur la borderisation ['frontièrisation', en français], une non-frontière qui change constamment". Mais elle rappelle que la Géorgie continue néanmoins "de poursuivre sa voie, qui est une voie européenne, euro-atlantique, de croissance économique, de démocratisation." La chef d'Etat ne craint pas par ailleurs que "Poutine arrive à ses fins en Ukraine : il est déjà clair qu'il n'a pas réussi son opération."
"Il y aura sans doute une négociation et des compromis de part et d'autre, mais Poutine a déjà échoué, parce qu'il a aujourd'hui donné naissance à l'Europe puissance et à l'Europe de défense. Il ne s'y attendait pas. C'est la vraie réponse à son invasion de l'Ukraine."
Salomé Zourabichvili, présidente de la République de Géorgiefranceinfo
Salomé Zourabichvili affirme également que Poutine "est en train de découvrir qu'il a accouché d'un monstre", la fameuse "Europe puissance" : "Tout ce qu'il craignait, d'avoir à côté de lui, sur ses frontières, des Etats non pas séparés mais unis et forts militairement, il va l'avoir", prédit-elle. "Poutine est en train de provoquer tout ce qu'il voulait éviter", dit-elle encore.
.@Zourabichvili_S : "Poutine est en train de découvrir qu’il a accouché d’un monstre. Il a créé ‘l’Europe puissance’. Tout ce qu’il craignait : avoir des Etats unis autour de lui et fort militairement, il va l’avoir. pic.twitter.com/7AOhnD4fNV
— France Inter (@franceinter) February 28, 2022
Alors que la présidente géorgienne va rencontrer Emmanuel Macron lundi après-midi, elle appelle à "une réponse politique", "un pas de plus" vers l'Union européenne en faveur de son pays, la Géorgie, mais aussi de la Moldavie et de l'Ukraine, "qui sont les plus avancés sur la voie de l'Union européenne". Elle indique que ces trois pays attendent "un geste symbolique et politique" de la part des Etats membres de l'Union européenne. Il faut selon elle que la situation en Ukraine "ne fasse pas oublier que nous sommes dans le même trio des pays associés".
"Le moment où on est arrivés aujourd'hui est la conséquence de l'égoïsme européen, de l'égoïsme des populations européennes pendant des années", affirme-t-elle en rappelant les quatre conflits entre la Géorgie et la Russie. "Entre temps, il y a eu les agressions de la Russie soviétique sur son bloc est-européen à maintes reprises, et jamais il n'y a eu la solidarité qu'il y aurait dû avoir. On n'en serait peut-être pas là aujourd'hui", conclut-elle.
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