: Reportage Séisme en Turquie : deux semaines après, le retour des rescapés pour récupérer leurs affaires
L'immeuble de cinq étages paraît presque intact en apparence, mais couché en arrière, comme s'il avait été délicatement poussé. Ce n'est qu'une impression car les dégâts sont monstrueux à Pazarcik, dans l'épicentre du premier tremblement de terre qui a touché la zone il y a deux semaines. Selon un bilan encore provisoire établi le 19 février, plus de 41 000 personnes sont mortes en Turquie.
Pazarcik, dans la province de Kahramanmaras, est l'une des zones les plus touchées. Les autorités ont donc décidé de continuer les recherches de survivants. Au milieu des décombres, dans le silence d'une ville dévastée, les rescapés repassent maintenant chez eux, dans leur immeuble, malgré les risques, pour récupérer ce qui peut être sauvé.
De nouvelles secousses
"Regardez, l’immeuble voisin s’est Ă©croulĂ© sur notre boutique. Il a dĂ©foncĂ© notre mur", dĂ©plore Salih, venue faire l'Ă©tat des lieux dans son ancien commerce. Il regroupe des chaises, des Ă©tagères, Ă ses risques et pĂ©rils. "Il y a encore des secousses, le soir, mais on rĂ©cupère quand mĂŞme le mobilier qui n’est pas trop abĂ®mĂ©. Ça peut nous servir si on ouvre un autre magasin ailleurs". Son camion est plein Ă craquer mais il ne sait mĂŞme pas encore oĂą il pourra le dĂ©charger. Plus au sud, dans la province de Hatay, deux sĂ©ismes de forte puissance ont de nouveau frappĂ©, dans la nuit de lundi Ă mardi. Â
Combien de personnes sont mortes ici, depuis le 6 fĂ©vrier ? 500, dit un homme, mais personne ne sait vraiment. Moursin Hatasoy rĂ©cupère lui aussi ce qu’il peut dans son magasin. Des peluches, des voiturettes et des poupĂ©es sont alignĂ©es sur le trottoir, Ă cĂ´tĂ© des dĂ©bris.  Â
"Maintenant, les enfants vont jouer avec des morceaux de ferraille et des briques, ils vont grandir comme ça"
Le gérant d'un magasin de jouets
La maison d'Ali, 12 ans, a été détruite. "Je ne vois plus mes amis et mes jouets me manquent", glisse le garçon qui vit aujourd'hui sous une tente. "Prends ce que tu veux !" lui répond le marchand de jouets. Ali repart avec une voiture bleue, télécommandée. Mais cela ne suffit pas à faire naître un sourire sur son visage. Aucune expression, comme s'il était ailleurs.
La vie n’est plus rythmĂ©e Ă Pazarcik. "Il n’y a plus d’école", regrette la mère d'Ali. Lundi 20 fĂ©vrier, le ministre de l'Éducation turc a annoncĂ© la reprise des cours, sauf dans les zones les plus durement touchĂ©es, comme dans le Kahramanmaras, oĂą l'Ă©cole n'est donc pas obligatoire. Pour les familles, le quotidien sous la tente est compliquĂ©. "On a pris notre première douche au bout de dix jours."Â
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