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Disparition du sous-marin près du "Titanic" : comment se déroulent les recherches du submersible "Titan" ?

Le sous-marin "Titan", parti en expédition vers l'épave du "Titanic", a disparu depuis dimanche. Les recherches des sauveteurs sont difficiles, notamment en raison de la profondeur de l'Atlantique nord.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Temps de lecture : 5 min
Le sous-marin "Titan" a disparu dans l'océan Atlantique dimanche 18 juin alors qu'il était en expédition vers l'épave du "Titanic". (HANDOUT / OCEANGATE EXPEDITIONS / AFP)

Les bruits de l'espoir. Des "cognements sous l'eau" ont été détectés par un sonar pendant les opérations de recherche du sous-marin Titan, ont rapporté mercredi 21 juin les garde-côtes américains. L'appareil a disparu dimanche avec cinq personnes à bord, alors qu'il était parti explorer l'épave du Titanic dans l'Atlantique. Ces bruits, qui reviennent "toutes les 30 minutes" selon le magazine américain Rolling Stone, sont un premier indice pour les équipes de secours. Mais les recherches, pour le moment, restent infructueuses. Le temps presse, car l'oxygène à l'intérieur du submersible pourrait venir à manquer dans les prochaines heures.

Des recherches aériennes sur une zone très étendue

La zone de recherches se situe à environ 1 450 km à l'est de Cape Cod (au nord-est des Etats-Unis). Elle est gigantesque puisqu'elle s'étend sur 20 000 kilomètres carrés. Selon le principe de la flottabilité positive, le sous-marin "est censé remonter tout doucement à la surface", a expliqué au micro de France Inter Michel L'Hour, archéologue sous-marin et ancien-directeur du Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines. Mais "comme il n'a pas de moyens de communication, qu'il remonte de 3 000 ou 4 000 mètres de fond et qu'il ne ressort pas à la verticale de son point de départ, il peut être porté par le courant et s'être éloigné".

"Ce qui est certain, c'est qu'il peut sortir assez loin (…), à plusieurs milles marins, du bateau [qui l'accompagnait]. Là, il est évident que l'on ne l'observera pas du pont. La seule manière de le retrouver, c'est la détection aérienne."

Michel L'Hour, archéologue sous-marin

à franceinfo

La possibilité d'une remontée du sous-marin à la surface explique pourquoi "les Américains, comme les Canadiens, ont d'abord entrepris des prospections aériennes, explique Michel L'Hour. Les garde-côtes américains ont d'abord dépêché deux avions C-130 dans la zone de recherches. Un troisième C-130 et trois autres avions de transport C-17 devaient être déployés mardi soir, a annoncé le Pentagone.

Ces avions C-130 "effectuent des recherches visuelles et radar", a détaillé le capitaine des garde-côtes américains, Jamie Frederik. Outre les C-130, des avions P-3, fournis par le Canada, "larguent des bouées sonar" sur la zone sous la surface, a-t-il poursuivi. Les bateaux et avions dépêchés sur place ont désormais inspecté 13 000 kilomètres carrés, a assuré un autre responsable des garde-côtes américains.

Des recherches sous-marines dans le noir et un froid glacial

Si les recherches ont débuté dans les airs, elles se poursuivent dorénavant sous l'eau. Le submersible "se trouve soit au fond de la mer, soit quelque part dans la colonne d'eau, soit à la surface", a déclaré à la chaîne ABC10 l'océanographe Jules Jaffe, qui a fait partie de l'équipe ayant mis au point le système d'imagerie optique utilisé pour localiser l'épave du Titanic en 1985. Selon lui, la colonne d'eau, cette zone aquatique qui se trouve entre la surface et le fond marin, est "l'endroit le plus probable" où le sous-marin pourrait se trouver. D'après lui, un moyen pour retrouver le Titan serait "d'utiliser le type de sonars avec lesquels nous cartographions les fonds marins".

L'hypothèse que le Titan soit perdu au fond de l'océan, près de l'épave du Titanic qui repose à 4 000 mètres, compliquerait la tâche des sauveteurs. "Il fait nuit noire en bas, il fait un froid glacial", a exposé Tim Maltin, expert du Titanic, à la chaîne américaine NBC News Now. "Le fond marin est constitué de boue et il est ondulé. Vous ne pouvez pas voir votre main devant votre visage", a-t-il ajouté. 

Si le sous-martin a coulé tout au fond des eaux, il pourrait être très difficile à repérer, a confirmé Jamie Pringle, professeur de géosciences à l'université de Keele, en Grande-Bretagne. "Le fond de l'océan n'est pas plat, il y a beaucoup de collines et de canyons", a-t-il décrit sur la chaîne NBC. D'autant qu'à quatre kilomètres de profondeur, la pression 400 fois supérieure à celle à la surface ajoute un défi supplémentaire. Les équipements qui peuvent y résister sont rares : peu d'engins peuvent opérer à de telles profondeurs.

Un effort de recherche international

Les recherches sont actuellement coordonnées par les garde-côtes américains. Mais la complexité de cette mission dépasse les compétences habituelles des sauveteurs, a expliqué mardi à la presse leur capitaine Jamie Frederik. "Nous ne disposons pas de toute l'expertise et de tout l'équipement nécessaires à une recherche de cette nature", a-t-il reconnu. "Il s'agit d'un effort de recherche complexe, qui nécessite l'intervention de plusieurs agences disposant d'une expertise en la matière et d'un équipement spécialisé."

Ainsi, les recherches ont été renforcées mardi par un énorme navire américain poseur de canalisations sous-marines, équipé d'un robot télécommandé qui doit être déployé à la dernière position connue du Titan. L’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) a dérouté son navire Atalante, équipé d’un robot sous-marin pour grande profondeur, le Victor 6000. Il devrait arriver sur la zone mercredi vers 20 heures, heure de Terre-Neuve (00h30 jeudi, heure de Paris).

Qualifié d'"engin-phare de l'intervention sous-marine" par l'Ifremer, Victor 6000 est un robot télé-opéré depuis l'Atalante à l'aide d'un cordon ombilical atteignant 8 km. Le robot peut travailler dans les grands fonds jusqu'à 6 000 m de profondeur. Il est équipé de caméras avec des projecteurs puissants qui "permettent de voir à une distance de 20-30 mètres", a détaillé sur franceinfo Olivier Lefort, directeur de la flotte océanographique française à l'Ifremer. Il est également muni d'un sonar "capable de détecter une masse métallique" et de bras métalliques lui permettant de manipuler des objets. En revanche, il ne pourrait pas remonter tout seul le Titan s'il le retrouvait. "S'il devait y avoir une remontée de l'engin depuis le fond, il faudrait au moins deux navires", a précisé Olivier Lefort, qui compte sur l'apport des Américains.

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