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Après Dabiq, Daech a un nouvel organe de propagande, Rumiyah («Rome»)

Daech a créé un nouveau magazine de propagande diffusé en plusieurs langues. Cette apparition a eu lieu en septembre 2016 après la mort de son porte-parole Abou Mohammed al-Adnani, sans doute tué par une frappe de drone. La revue en ligne s’appelle «Rumiya» qui peut se traduire par «Rome». Une façon de désigner le monde chrétien.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Capture d'écran du magazine «Rumiyah» (Capture écrandu magazine «Rumiyah»)

Difficile pour l'instant de savoir si ce nouvel outil de propagande s'ajoute aux précédents et notamment à Dabiq ou si Rumiyah remplace Dabiq. Les deux thèses circulent.


Ce qui est certain, c'est que la ville de Dabiq, qui a donné son nom au journal, est tombée entre les mains des forces rebelles syriennes «modérées», grâce à l'aide de la Turquie. Or, Dabiq revêtait symboliquement une place importante dans l'imaginaire du groupe djihadiste puisque dans certaines prophéties, c'est le lieu qui devait symboliser la victoire des musulmans, en route vers Constantinople, alors une des capitales de la chrétienté, sur les chrétiens.


Donc Daech, toujours dans la parabole religieuse, pourrait avoir privilégié de changer le nom de son magazine en Rumiyah. Lisible en huit langues dont le français, mais aussi l'anglais et le turc notamment. La propagande de Daech a choisi un nom qui fait référence au «roum», un terme arabo-musulman qui historiquement a désigné les Byzantins et qui au fil du temps a pris le sens de «l'Occident».

«L'organisation a indiqué avoir choisi le nom de Rumiyah en lien avec la prophétie de Mahomet concernant la chute de Rome, dans le cadre de la chute de Constantinople, quand il a appelé à attaquer les infidèles partout où ils sont», précise un site arabophone. (alaraby.co.uk).

 
Sur le fond, la propagande n'a pas changé. Dans les textes, selon une agence italienne, il n’y aurait pas de références explicites à Rome ou à la chrétienté mais des articles récents appellent à tuer les non-musulmans en Europe et ailleurs.

Dans sa version anglaise, sous le titre Le sang des infidèles vous est licite, alors répandez-le, le magazine appelle au meurtre. Nul «infidèle» n'échappe au courroux islamiste dans ces lignes promet la propagande de Daech. «Cela inclut l'homme d'affaires roulant vers son travail en taxi, les jeunes adultes ("enfants" post-puberté) en train de faire du sport dans un parc et le vieil homme faisant la queue pour acheter un sandwich. Et en effet, même le sang de l'infidèle vendant ses fleurs aux badauds dans la rue derrière son étal est bon à répandre», relate Slate.

François-Bernard Huyghe, chercheur à l'IRIS, et spécialiste en communication, qui a analysé le second numéro de la revue, y voit une sorte de testament pour le califat physique. «En transférant la promesse de la victoire dans le domaine de la perfection salvatrice des actes et de la foi, dans la recherche du sacrifice, le langage de Daech s'adresse à de futures armés de sacrifiés/sacrificateurs pour le jour où son assise territoriale aura été détruite», écrit-il.

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