"Pourquoi Israël nous attaque-t-il ?" : en Syrie, la crainte d'un nouveau conflit après des bombardements israéliens qui ont détruit des sites stratégiques de l'armée
Non, la guerre en Syrie n'est pas "encore terminé", prévient l'ONU. Les Nations unies alertent, mardi 17 décembre, sur des affrontements dans le nord du pays entre les forces kurdes syriennes et des groupes soutenus par la Turquie, dans le sillage de l'offensive rebelle qui a chassé du pouvoir Bachar al-Assad le 8 décembre. Et ce, malgré les nouvelles autorités, dominées par des islamistes radicaux, qui s'efforcent de rassurer sur leur capacité à pacifier et réunifier le pays, morcelé et dévasté par 13 ans de guerre civile.
Dans certaines zones de la Syrie, c'est une autre offensive qui interroge : depuis la chute du régime Assad, l'aviation israélienne a mené plusieurs centaines de frappes. Depuis le 8 décembre, les sites militaires syriens sont lourdement bombardés, afin d'empêcher leur prise par les nouvelles autorités. Cette opération, dite "Bashan Arrow" ("flèche du Basan"), a notamment détruit des batteries antiaériennes, des aérodromes, des sites de production d’armes, des missiles, des radars et des tanks. À vrai dire, tous les sites stratégiques de la Syrie ont été visés et presque tous, détruits.
Pour voir les dégâts provoqués par ces opérations ciblées, direction la banlieue sud de Damas où deux frappes ont détruit des dépôts de munitions, lundi soir. "Vous pouvez voir là, l'immeuble effondré. Il est écrit : ‘Direction de la guerre électronique’", nous montre l'imam Alaa Chemseldine, le seul à accepter de s'exprimer à notre micro. Autour de lui, une dizaine de combattants du groupe rebelle HTS qui patrouille sur un site militaire dont il ne reste plus rien.
"Un loup déguisé en agneau"
"Nous condamnons fermement Israël pour la destruction des institutions publiques, des institutions qui appartiennent au peuple. Pourquoi Israël nous attaque-t-il ?", interroge l’imam. L'État hébreu a donné une première réponse par la voix de son ministre des Affaires étrangères : c'est pour éviter que "des armes ne tombent entre les mains des extrémistes".
Israël affiche en effet sa défiance envers les nouvelles autorités du pays voisin : son premier ministre, Benjamin Nétanyahou, a tenu mardi une réunion sécuritaire en Syrie, au sommet du mont Hermon, aux confins de la partie du Golan occupée et annexée par Israël, où l'armée israélienne s'est déployée après le 8 décembre. Sa vice-ministre des Affaires étrangères, Sharren Haskel, a qualifié le chef de HTS, Abou Mohammad al-Joulani, qui se fait désormais appeler par son vrai nom, Ahmad al-Charaa, de "loup déguisé en agneau".
"Nous sommes en train de travailler au retour de la Syrie sous la direction de notre chef Ahmed al-Charaa [connu sous son nom de guerre, Abou Mohammed al-Joulani]. Ça va être une nouvelle Syrie !, s’enthousiasme l’imam. Et bien évidemment, avec le temps, on ne va laisser personne empiéter sur notre terre. C'est à nous et à nos leaders de décider".
Le chef militaire de HTS a demandé l'arrêt de ces frappes préventives et "incursions" israéliennes, que les Syriens condamnent sans pouvoir riposter. Avant de déclarer que la Syrie était trop "épuisée" pour mener un conflit avec Israël.
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