La date de la conférence de paix de Genève-2 sur la Syrie est désormais connue : ce devrait être le 22 janvier 2014, a annoncé le 25 novembre le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon. Un signe d'espoir, mais beaucoup d'obstacles demeurent.
Cette conférence devrait faire suite à celle dite de Genève-1, qui s’était tenue en juin 2012 et qui prévoyait l'établissement en Syrie d'un gouvernement de transition ayant les pleins pouvoirs exécutifs, mais ne précisait pas le sort éventuel du président Assad. L'idée d'une nouvelle conférence de paix avait été lancée par Moscou et Washington en mai 2013.
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, appelle les Syriens à saisir cette chance de dialogue : «Les combats font rage depuis bien trop longtemps, avec plus de 100.000 morts, près de 9 millions de déplacés et un nombre incalculable de disparus et de prisonniers. Il serait impardonnable de ne pas saisir cette opportunité de mettre fin aux souffrances et aux destructions.»
A quoi peut servir cette conférence ? «Genève-2, ce n'est pas d'avoir une conversation de café du commerce sur la Syrie, c'est un consentement mutuel entre les représentants du régime – sans Bachar – et l'opposition modérée (pour) arriver à faire un gouvernement de transition doté de tous les pouvoirs», a résumé Laurent Fabius. «C'est très difficile, mais c'est la seule solution qui permette à la fois de ne pas avoir M.Bachar al-Assad et de ne pas avoir les terroristes», a souligné le ministre français des Affaires étrangères. Une position qui n’est peut-être pas partagé par tous les (futurs) participants… et encore moins les non participants.
Qui participera ?
L’ONU ne le précise pas et cela reste sans doute la partie la plus difficile à négocier. Le médiateur de l'ONU, Lakhdar Brahimi, rencontrera une nouvelle fois le 20 décembre des responsables russe et américain pour préparer la conférence, et en particulier pour en choisir les participants.
Déjà le chef de l'Armée syrienne libre (ASL), le général Salim Idriss, a annoncé le 26 novembre que les forces qui lui sont fidèles ne participeraient pas à la conférence de paix que les Etats-Unis et la Russie tentent d'organiser depuis mai. «Nous ne cesserons pas le combat pendant la conférence de Genève et après celle-ci. Ce qui nous préoccupe, c'est d'acquérir les armes dont nos combattants ont besoin», a déclaré le chef de l'armée. L'ASL, soutenue par les Occidentaux, regroupe plusieurs unités rebelles, mais son influence sur le terrain se réduit au profit de brigades islamistes qui se sont rassemblées au sein d'un «Front islamique».
Pas question non plus de voir autour de la table la dimension islamiste de la rébellion syrienne, et notamment les djihadistes du front Al-Nosra.
En revanche, Monzer Akbik, chef de cabinet d'Ahmed Jarba, le président de la Coalition nationale syrienne (CNS), a lui confirmé auMonde la participation à la conférence de la principale plateforme d'opposition au régime Assad : «Nous nous félicitons de cette annonce. Nous avions décidé de participer à la conférence Genève 2 il y a quelques jours déjà, lors de notre dernière assemblée générale», qui s'était tenue du 9 au 11 novembre, à Istanbul.
Le pouvoir officiel devrait aussi se rendre autour de la table de négociations. «La question de savoir si Assad compte envoyer une délégation à Genève qui aura un pouvoir décisionnaire est encore en suspens», a expliqué un diplomate de l'ONU. Le ministre des Affaires étrangères de Damas a juste réagi en envoyant une lettre à l'ONU affirmant que «la lutte contre le terrorisme visant les citoyens syriens est un point crucial pour la réussite de toute solution pacifique à la crise en Syrie». Le «terrorisme» étant le mot utilisé par le régime pour désigner l'opposition.
Quels médiateurs ?
Outre les acteurs du conflit, l’Arabie Saoudite (qui soutient et arme l’opposition) et l’Iran (qui défend le régime de Damas) pourraient être présents lors de cette conférence. «La participation de l'Iran à Genève-2 constitue à notre sens une contribution importante au règlement du problème. Nous avons toujours dit que si l'Iran était invité, nous participerions sans aucun préalable», a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif.
Moscou avait indiqué en mai 2013 que l'absence de l'Arabie et de l'Iran à la première conférence avait été un «grand manquement». Les Etats-Unis et les gouvernements européens ont dit que l'Iran pourrait être à Genève-2 s'il accepte le contenu du communiqué de Genève et notamment un gouvernement provisoire. Le récent accord sur le nucléaire pourrait permettre de rendre la présence de Téhéran plus facile.
Mais ce sont sans doute Moscou et Washington qui ont les vrais clés du dialogue. Et notamment celle du sort futur de Bachar al-Assad, soutenu jusque là par Moscou.
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