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Le clan Assad, ciment du pouvoir syrien

Article rédigé par Catherine Le Brech
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Le président syrien s'appuie plus que jamais sur sa dynastie, au pouvoir depuis les années 70, pour tenter de sauver son régime. Des proches qui l’ont aidé à maintenir la structure du pouvoir et le système autoritaire.

Maher al Assad
Le premier, et le plus influent. Il est le frère cadet du chef de l’Etat. Incarnation de l’aile dure du régime, Maher al-Assad dirige à 43 ans la garde républicaine, corps d’élite de 12.000 hommes, la garde présidentielle et la 4e division de l’armée en charge de la sécurité à Damas. C’est cette dernière qui a lancé en mai 2011 un assaut contre Deraa, ville du sud du pays d'où sont parties les manifestations.

Il a toute la confiance du président. De nombreux observateurs le dépeignent comme un personnage très violent et lunatique. Il a tiré un jour de dispute sur son beau-frère Assef Chaoukat en 1999. Maher al-Assad est cité dans un rapport préliminaire des Nations-Unies sur le meurtre de l'ancien Premier ministre libanais, Rafik Hariri, tué en 2005 à Beyrouth. Présenté comme ayant participé au complot.

Assef Chawkat
Le général, la soixantaine, est le mari de Bouchra, soeur aînée de Bachar. Un temps rejeté par la famille – marié lors de leur rencontre, sunnite et d'extraction modeste –, il est imposé par son épouse dans le premier cercle. Il devient son émissaire politique auprès du président.

Assef Chawkat était à la tête des renseignements militaires avant de devenir chef d'Etat major adjoint des forces armées. Sa nomination en septembre 2011 au poste de vice-ministre de la Défense est un camouflet pour l'écarter car trop encombrant. Devient suspect notamment en raison de ses relations avec les Etats-Unis et l'Europe après le 11-Septembre.

Cité dans le rapport de l'ONU sur le meurtre de Rafic Hariri. Pour Washington, Chawkat est «l'un des principaux architectes de la domination syrienne du Liban et a contribué à la politique longtemps observée par la Syrie consistant à attiser le terrorisme contre Israël».

 

Interview de Bachar al Assad par Barbara Walters
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ABCNews, le  7 décembre 2011

 

Bouchra al Assad
Quinqua ambitieuse et rugueuse, Bouchra est la fille unique du clan. Choyée par son père Hafez auprès duquel elle a une forte influence. Cette pharmacienne, aux commandes de l’industrie pharmaceutique nationale, est considérée comme un des faucons du régime.

Après la mort de son frère aîné Bassel, tué en 1994 dans un accident de voiture avant d'avoir accédé au pouvoir, elle se dit mieux à même de le remplacer que «son imbécile de frère», selon ses propres termes. A longtemps pesé sur les décisions politiques par l’entremise d’Assef Chawkat, son mari.

Anisa Makhlouf 
Veuve d'Hafez al Assad et mère de Bachar. Aussi indépendante et peu visible – pas d’apparitions publiques depuis les années 80 – que puissante et écoutée.

Soutien indéfectible à son époux quand il est pouvoir. Anisa a obtenu durant ses années à ses côtés des positions stratégiques, notamment pour son neveu Rami Makhlouf.

Selon Wael al-Hafez, chef du bureau politique de la coalition nationale pour l’appui de la révolution syrienne, qui vit en France depuis 25 ans, « les décisions sont prises collégialement dans le premier cercle familial, entre Bachar, son frère Maher, sa soeur Bouchra, son époux Assef el-Chawkat, l’oncle Mohammmed Makhlouf et le cousin Rami Makhlouf. Mais c’est Anisa qui a le dernier mot. »

Hafez al-Assad, le père, avait montré la voie d’un pouvoir renforcé en partageant les décisions avec son frère cadet. Rifaat était tombé en disgrâce car il briguait la succession qui a échu à Bachar. Aujourd'hui, il se dit prêt à assurer l'intérim en Syrie.

Rami Makhlouf
Cousin maternel de Bachar, fils du précédent chef de la Garde républicaine. Surnommé « Le roi de la Syrie », ce proche de Maher contrôle à 47 ans quelque 60% des activités économiques du pays. Il possède l'une des plus grandes compagnies de téléphonie mobile, Syriatel, des entreprises de construction et des sociétés pétrolières.

Accusé par Bruxelles de «financer le régime» pour permettre «la répression». Sanctionné par les Etats-Unis en 2008 pour avoir favorisé la corruption de l'administration et en avoir bénéficié.

Mohammed Makhlouf
Frère d'Anisa et père de Rami Makhlouf. Mohammed Makhlouf alias Abu Rami, a permis à son fils de gagner la confiance de feu Hafez al Assad pour gérer l’ouverture du marché syrien aux capitaux étrangers. Il a fait fortune dans les entreprises d’Etat et les sociétés privées.

A l’instar de son fils, il  a été sanctionné par Washington en raison de son aide financière et matérielle au régime de Damas. Participe aux réunions de famille.

Asma al Assad
Née en Grande-Bretagne en 1975, cette belle femme est issue d’une famille sunnite de Homs. Elle  a épousé à 25 ans l’actuel chef de l'Etat dont elle a trois fils. Surdiplômée, Asma ne serait tolérée que dans certains conseils. Sa belle-sœur Bouchra ne l'aime pas.

Caution de l’image d’un couple moderne. Très médiatique, elle a aidé le président à se construire une image de réformateur modéré et a été un des maillons essentiels de la communication du régime.

Maher et Bachar al Assad, le jour des funérailles de leur père Hafez, à Damas le 13 juin 2000. (AFP PHOTO/RAMZI HAIDAR)
Juillet 1998: Hafez et Bachar al Assad, père et fils. (AFP)
La famille au complet: Hafez al Assad et son épouse Anisa, entourés de leurs enfants. De Gauche à Droite, Maher, Bachar, Bassel et Majid (morts aujourd'hui), et Bouchra. (AFP)
Les deux frères Rifaat et Hafez al Assad, en 1986. Le temps de l'entente cordiale avant la rupture. (AFP)
Assef Chawkat, le beau-frère de Bachar, au Palais du peuple de Damas, le 13 juin 2000. (AFP)
Bachar al Assad et son épouse Asma arrivent à Tunis, le 12 juilet 2010. Ils sont attendus par le président tunisien déchu, Zine Ben Ali. (STR/AFP)
Le couple présidentiel vote à Damas, le 26 février 2012. Un référendum, boycotté par l'opposition, devait permettre de modifier la Constitution. Un texte qui abolit la suprématie du parti Baas mais garde des prérogatives pour le président. (AFP PHOTO/HO/SANA)
Rami Makhlouf, l'homme d'affaires richissime. A Damas pour la célébration des dix ans de Bachar al Assad au pouvoir, le 17 juillet 2010. (AFP PHOTO/LOUAI BESHARA)

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