Cet article date de plus de huit ans.

Maternité et propagande, le rôle des femmes chez Daech

Un rapport du think tank Institut for Strategic Dialogue analyse la part et le rôle des femmes dans l’organisation de Daech. Selon les auteures, Erin Marie Saltman et Melanie Smith, les femmes qui ont rejoint l’organisation djihadiste ne sont pas que des génitrices, elles contribuent aussi à faire connaître l’action du califat.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Procréer et s'occuper de son mari djihadiste. Le rôle de la femme dans la société du califat est très encadré. La femme est également un vecteur de propagande. (DR)

L’aventure, la recherche d’une certaine romance, poussent les femmes les plus jeunes à quitter leur pays pour ces nouveaux horizons. Les femmes rejoignant Daech sont majoritairement très jeunes (à peine 13 ans pour l’une d’entre elles). En tout, 21 jeunes filles de cet âge ont été arrêtées dans des aéroports au Royaume-Uni et en France.
 
L’objectif du mariage, rite du passage de l’enfance à l’âge adulte, est une motivation pour les plus jeunes. Ces jeunes femmes sont du reste attendues par Daech pour être des génitrices, qui perpétueront l’avenir du califat. Mais il serait réducteur de penser que l’unique objectif est d’être «l’épouse d’un djihadiste», selon Melanie Smith, l’auteure du rapport.
 
La haine de son pays d’origine
Le rejet de l’Occident, le sentiment également d’être exclue de la société alors que la personne représente parfois la troisième génération de migrants, sont des moteurs du départ vers le Califat. Là, les jeunes femmes ont le sentiment de participer à la création d’une nouvelle société, plus égalitaire, fondée sur la stricte observation de la charia. La propagande les a persuadées qu’elles avaient un rôle à jouer et que cela se fonde sur la religion.
 
Relais de la propagande
Grâce aux réseaux sociaux, ces jeunes femmes qui ont émigré en Syrie, en font la publicité, défendant leur acte et enjoignant «leurs sœurs» d’en faire de même. Une jeune veuve de Daech d’origine britannique twittait : «Sérieusement, les musulmans qui vivent à l’Ouest feraient mieux de faire leur hijra (migration religieuse). Allah nous a offert un califat, il n’y a pas d’excuses.» Cette propagande via les réseaux sociaux est bien sûr un axe entretenu par l’Etat islamique. Cela lui permet de recruter des compagnes pour ses combattants.
 
Les Françaises les plus nombreuses
Le nombre de combattants en Syrie et en Irak venus des pays occidentaux s’élèverait à 4000, dont 550 femmes.

Selon une information des services de renseignement français diffusée par France Info, le nombre de Françaises ayant rejoint le califat autoproclamé de Daech serait de 220, soit plus de 40% des jeunes femmes. La plus célèbre d’entre elles est sans conteste Hayat Boumeddiene, la compagne d’Amédy Coulibaly. Enceinte, elle aurait rejoint la Syrie en janvier 2015 où elle a accouché en juin suivant.
 
Le Parisien rapporte le témoignage d’une autre épouse de djihadiste, Kahina, la compagne de Samy Amimour, l’un des kamikaze du Bataclan. Dans un mail, elle se confie à une amie sur sa vie en Syrie. «J'ai un appart tout meublé avec cuisine équipée, deux salles de bain, toilettes, et trois chambres, et je paye pas de loyer, ni l'électricité et l'eau. La belle vie quoi !!!»
 
Très peu de ces femmes sont rentrées dans leur pays d’origine. Mais celles qui ont fait le voyage retour évoquent une réalité moins glorieuse, violente et très contrôlée. Ainsi, le manuel de bonne conduite des femmes, selon Daech, ramène la femme à une existence très codifiée. Avant tout, «il n’y a pas plus grande tâche pour les femmes que d’être une épouse pour l’homme», rapporte le site marocain medias 24

Pourtant, toujours selon France Info, le nombre des départs féminins vers le califat ne cesse de progresser.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.