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Syrie: le régime de Bachar al-Assad survit sous perfusion financière de l’Iran

L’annonce par l’agence de presse officielle syrienne SANA de l’octroi par Téhéran d’une ligne de crédit d’un milliard de dollars (910 millions d’euros) à Damas n’est ni surprenante ni innocente. Elle pose toutefois la double question de savoir comment le système Assad tient encore financièrement et s’il est toujours possible de parler d’un régime en l’absence de fonds propres.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
Des Syriens attendent à la banque le versement de leurs salaires après l'injection, le 30 juin 2015, de nouveaux billets de 1000 livres par la Banque centrale de Syrie. (AFP PHOTO/ Louaï Beshara)

L’accord passé entre la Syrian Commercial Bank et l’Export Developement Bank of Iran sur une ligne de crédit d’un milliard de dollars accordée à Damas par Téhéran est une nouvelle bouffée d’oxygène pour le régime de Bachar al-Assad, qui donne ces derniers mois des signes de fléchissement tant sur le plan militaire que sur sa pérennité comme Etat.

Un milliards de dollars de l'Iran pour «des projets divers»
L’agence officielle SANA s’est empressé de rendre publique l’approbation de ce prêt par le président Assad et par le parlement syrien, pour rappeler que l’Iran se tient toujours à la ligne fixée par le président Hassan Rohani. «Le gouvernement et la nation iranienne soutiendront le gouvernement et la nation syrienne jusqu’au bout», avait-il affirmé le 2 juin 2015.
 
Très énigmatique, l’agence a indiqué que «ces crédits permettront l’importation de biens et de denrées ainsi que la mise en œuvre de divers projets», sans préciser s’il s’agissait de projets civils ou militaires.

C’est la troisième fois, depuis la révolte syrienne en 2011, que l’Iran débloque ainsi des fonds pour son allié stratégique. Citant Staffan de Mistura, l’émissaire spécial de l’ONU pour la Syrie, l’agence de presse américaine Bloomberg News rapportait, toujours en juin, que Téhéran dépensait 6 milliards de dollars par an en aide au pouvoir syrien. Un autre institut d’études économiques et financières évaluait, lui, à 14 et 15 millliards de dollars les subventions économiques et militaires iraniennes à Damas en 2012 et 2013.

La République islamique d'Iran porte le régime à bout de bras 
Autant dire qu’à coups d’injections de pétrole et de finances, la République islamique d’Iran porte à bout de bras son allié stratégique de plus de trente ans et son principal trait d’union avec le Hezbollah libanais.
 
L’annonce du déblocage de cette nouvelle ligne de crédit est intervenue quelques semaines après la confirmation du gel des avoirs placés en Suisse par le milliardaire syrien Rami Makhlouf. Cousin germain de Bachar al-Assad, sa fortune personnelle est évaluée à 6 milliards de dollars. Il est tout puissant dans le domaine du BTP, de la banque, des hydrocarbures, des medias et de la téléphonie mobile. Il détient 40% de la société de téléphonie Syriatel, le plus important opérateur du pays, avec des parts estimées à plus d’un milliard de dollars.
 
Haï dans le pays pour avoir développé une fortune colossale à l’ombre du pouvoir familial, il avait tenté de polir son image en 2011 en déclarant son intention de reverser les profits de ses actions Syriatel «à des œuvres humanitaires et de charité ainsi qu’à des projets de développement».

La Suisse gèle les avoirs du cousin de Bachar al-Assad 
Dissensions familiales ou paravent pour continuer à soutenir discrètement le clan? La justice suisse a tranché. Le Tribunal administratif fédéral suisse a indiqué le 22 juin 2015 que ses avoirs restaient confisqués en raison du financement et du soutien qu’il apporte au régime.

Pour le tribunal, la fondation caritative de Rami Makhlouf n’est pas une preuve qu’il a pris ses distances avec le système et la répression et «il a un intérêt personnel et direct au maintien du régime actuel s’il entend conserver son statut et son niveau de vie».
 
Même si le système Assad continue d’être financé de gré ou de force par les hommes d’affaires du clan au pouvoir ou par des ponctions de ses sbires sur la société civile au titre d’effort de guerre contre le terrorisme, il n’en demeure pas moins que sans les subsides iraniens le régime se serait déjà effondré.
 
Des subsides qui n’ont rien de philanthropiques, puisque des proches du régime font circuler les rumeurs selon lesquelles «le gouvernement syrien aurait accepté de vendre ou d’hypothéquer des bâtiments et des biens de l’Etat contre une aide financière de Téhéran».
Ce que certains mécontents, qui accusent le pouvoir de vendre le pays à l’Iran, appellent «des garanties contre la souveraineté»

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