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Syrie: le siège d’Alep menace l’embryon de processus de paix sous égide de l’ONU

En achevant d’encercler la ville d’Alep avec le soutien russe et iranien, l’armée de Bachar al-Assad a piégé 300.000 civils dans les quartiers sous contrôle rebelle. Outre la crise humanitaire qui commence à se faire sentir, cette nouvelle donne sur le terrain menace de faire voler en éclats le fragile processus de négociations sous l’égide de l’ONU et le cessez-le-feu virtuel qui le sous-tendait.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Dans Alep, assiégée par les forces de Bachar al-Assad, le pain se fait rare faute de farine et de mazout, et les habitants faisaient des heures de queue, le 12 juillet 2016, devant les rares boulangeries encore ouvertes dans les quartiers rebelles. (KARAM AL-MASRI/AFP)

De prolongations en ruptures de la trêve instaurée en principe le 27 février 2016 par les Etats-Unis et la Russie, les forces du régime ont réussi avec l’aide de l’aviation russe et de la milice chiite libanaise pro-iranienne du Hezbollah à encercler les quartiers d’Alep tenus par la rébellion.

Les forces de Bachar al-Assad referment le piège sur 300.000 civils à Alep 
En coupant la route dite du Castello, dernière voie de ravitaillement de ces quartiers par le Nord-Ouest, l’armée de Bachar al-Assad a refermé son piège sur les quelque 300.000 civils qui s’y trouvent, selon les Nations Unies.
 
Malgré les tentatives des groupes rebelles de briser l’étau, les bombardements du régime et de l’aviation russe se poursuivent contre la deuxième grande ville du pays, menacée désormais d’une grave crise humanitaire, selon un chef de l’opposition en exil en Turquie.
 
Même si les forces rebelles d’Alep affirment avoir stocké assez de produits de première nécessité, tels que blé, riz, sucre ou carburant, pour tenir un siège de plusieurs mois, la situation est déjà très difficile pour la population.
 
Les prix des produits frais ont été multipliés parfois par cinq, pour les tomates par exemple, et le pain se fait rare dans les quartiers assiégés par l’armée. «Hier, ma famille et moi n’avons pas mangé de pain car les boulangeries ont arrêtés de fonctionner faute de farine et de mazout», a rapporté un habitant à l’AFP.

L'ONU appelle à la livraison d'aide humanitaire et à l'évacuation des civils 
L’ONU «très inquiète de l’escalade de la violence qui met en danger des centaines de milliers de personnes», a appelé «toutes les parties à autoriser la livraison d’aide humanitaire» et «l’évacuation des civils qui le désirent».
 
Un appel qui a peu de chance d’être écouté par Damas, sur le point de reprendre le contrôle de l’ancienne capitale économique syrienne devenue capitale de la rébellion.
 
Peu de chance également d’être entendu par Moscou qui s’en prend désormais ouvertement à l’ONU. Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a accusé l’émissaire spécial de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, de se «défausser de ses responsabilités» et d’être incapable de relancer les négociations de paix en juillet comme il l’avait prévu.

Paris met la balle dans le camp de Moscou 
Seul le chef de la diplomatie française, en visite au Liban, a réagi à ces critiques qui laissent présager une escalade plus que verbale. «Si les choses sont bloquées, ce n’est pas la faute de Staffan de Mistura, elles sont bloquées parce qu’il y a une rupture de cessez-le-feu. Et aujourd’hui, c’est Alep qui est prise en otage », a rétorqué Jean-Marc Ayrault depuis Beyrouth.
 
Pour lui, la voie politique est la seule possible et «les Russes ont une partie de la solution. S’il n’y avait pas l’appui militaire des forces aériennes russes, le régime de Damas n’aurait pas les moyens de faire ce qu’il fait», a encore précisé le ministre français.
 
Mettant la balle dans le camp de la Russie, il a lui aussi appelé à la levée du siège d’Alep et à l’application du cessez-le-feu «le plus vite possible», afin que le processus de paix puisse reprendre.

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