TÉMOIGNAGES | Israël soupçonné de crime de guerre à Gaza
Quartier Asamer à Gaza. Les secouristes s’empressent au pied d’un immeuble de six étages. Les trois derniers ont littéralement explosé. Une bombe a été larguée par l’aviation il y a deux jours. Bilan : 14 morts au moins. Tous les corps n’ont pas été retrouvés. Mohamed, 28 ans, vit à deux rues d’ici. Il contemple les décombres et ne peut retenir sa colère. "Ce bâtiment que vous voyez était un bâtiment résidentiel avec un cabinet d’avocats. Ici, il n’ y avait pas un seul membre du djihad islamique, ni du Hamas ni de quelconque résistance ! 100 % de civils : des hommes, des femmes, des enfants. Tous les membres d’une même famille sont morts là-dedans : la famille Al Qayali: C’étaient des Palestiniens qui étaient aussi des citoyens allemands ! Il n’y a eu aucun avertissement, juste le choc au passage du F16 à la tombée de la nuit, au moment de l’iftar, la rupture du jeûne du ramadan." , raconte le jeune homme.
"Ces gens là ne connaissent que le langage des armes et du sang. Ils ont même été capables hier de lancer un missile sur une école un peu plus au sud" , ajoute-t-il.
Les fléchettes de la mort
Quand on l’interroge sur l’enquête que lancent les Nations Unies concernant une possible violation du droit humanitaire, Mohamed répond qu’il ne sait pas "s’il faut en rire ou en pleurer " . Pour lui, des crimes de guerre, il s’en produit chaque jour, presque chaque heure depuis deux semaines ici. Le Conseil palestinien pour les droits de l’homme dénonce aussi l’utilisation par l’armée israélienne d’une arme particulièrement perfide qui peut produire de redoutables mutilations : l’obus à fléchettes, aussi appelé "fléchettes de la mort ". Hamdi Shuqura, l’un des responsables de cette ONG explique :
" Ce sont comme vous le voyez des clous de cinq centimètres en acier, avec une pointe acérée et des petits ailes. Chaque obus contient 5000 de ces petites fléchettes L’explosion les projette très loin. Avec ça, vous êtes sûr de mutiler ou de tuer un maximum de personne sur des centaines de mètres. Il y a clairement cette volonté "
Israël ne dément pas
Il explique que les experts de son organisation avaient déjà eu des preuves d’utilisation de ces fléchettes de la mort en 2009 à Gaza, et en 2006 au Liban. "Cette fois, nous avons déjà un cas confirmé et trois cas en cours d’investigation ", précise-t-il Interrogé sur ces obus à fléchettes, le porte-parole de l’armée israélienne n’a pas démenti leur utilisation. Une arme, selon lui, " autorisée par le droit international ". C’est juste, mais son usage implique d’être sur un terrain de combat. Pas au milieu d’une zone urbaine avec de nombreux civils. 80 % des personnes tuées depuis le début de cette opération "Bordure protectrice" sont des civils. Parmi eux : un tiers d’enfants.
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