Tentative de coup de force en Turquie : loi martiale et couvre-feu déclarés
L'armée turque a annoncé ce vendredi soir avoir pris le pouvoir en Turquie, pour protéger l'ordre démocratique et les droits de l'homme. L'armée a ajouté dans un communiqué relayé par les télévisons turques que toutes les relations internationales étaient maintenues et que l'état de droit devait rester une priorité. La chaîne publique de télévision a diffusé dans la foulée un communiqué émanant des "forces de armées turques", au terme duquel la loi martiale et un couvre-feu sur l'ensemble du territoire turc étaient décrétés. Des chars, vers minuit, encerclaient le Parlement, tandis que des chasseurs et des hélicoptères survolaient la ville.
Le Quai d'Orsay recommande aux ressortissants français de ne pas sortir
Après ces annonces, le président Recep Tayyip Erdogan a appelé les Turcs à descendre dans les rues pour résister à la tentative de coup d'Etat, dénonçant un "soulèvement d'une minorité au sein de l'armée". Il a ajouté que ce coup de force avait été encouragé par une "structure parallèle", allusion aux partisans de FethullahGülen, un prédicateur turc installé aux Etats-Unis, ancien allié devenu ennemi juré du président turc.
Le ministère français des Affaires étrangères a recommandé à ses ressortissants présents en Turquie de ne pas sortir. Plus tôt dans la soirée, des ponts, dans le sens Asie-Europe de ponts sur le Bosphore à Istanbul, étaient partiellement fermés tandis que des avions militaires survolaient Ankara. Le Premier ministre turc avait immédiatement dénoncé une "tentative illégale" par un groupe au sein de l'armée.
Malaise kemaliste
Samim Akgönül, historien, politologue s'est interrogé sur France Info sur l'identité des putschistes : "La déclaration qui a été faite par les putschistes (...) a un intitulé, ils se donnent le nom de la commission de la paix dans le pays : c'est la moitié d'un adage prononcé par Mustafa Kemal Atatürk, le fondateur de la République de Turquie ". Pour le spécialiste de la Turquie : "Il se peut qu'il y ait une frange de l'armée turque kémaliste, contre le gouvernement actuel très islamiste (...) qui est en train de faire ce coup d'Etat ". Samim Akgönül a affirmé que depuis quelques années : "A l'intérieur de l'armée, ceux qui se considèrent comme détenteurs, garants du régime en place n'étaient pas très contents ".
En effet, selon l'historien, à l'intérieur du pays, il existe un "malaise des kémalistes à l'égard de l'islamisation rampante du pouvoir. Mais il y a également un contexte externe, qui est extrêmement chaotique, du a des erreurs phénoménales de la politique étrangère vis à vis de Daech, vis-à-vis de la Syrie, de l'Irak, la brouille avec la Russie, la brouille et les tentatives de réconciliations avec Israël, la brouille avec l'Egypte ".
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