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Chef d'Al-Qaïda tué par les États-Unis : Ayman al-Zawahiri était "un stratège, un penseur du jihad moderne", selon un spécialiste du terrorisme

Ayman Al-Zawahiri a été tué par une frappe aérienne américaine en Afghanistan. Pour Wassim Nasr, spécialiste des mouvements jihadistes, il était un personnage central qui résume à lui seul le djihad moderne.

Article rédigé par franceinfo
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Ayman al-Zawahiri sur une image libérée par Al-Qaïda en 2011. (- / SITE INTELLIGENCE GROUP)

Ayman al-Zawahiri n'était pas que le dirigeant d'une organisation jihadiste en déliquescence, explique le spécialiste du terrorisme Wassim Nasr sur franceinfo mardi 2 août. Alors que le président américain Joe Biden a annoncé la mort du dirigeant d'Al-Qaïda dans une frappe de missiles à Kaboul en Afghanistan, l'expert rappelle qu'al-Zawahiri était "un stratège, un penseur du djihad moderne qui a toujours son impact sur la mouvance" et a développé Al-Qaïda comme une "marque" sous son règne.

>> Ce que l'on sait de la mort d'Ayman al-Zawahiri, le chef d'Al-Qaïda tué par une frappe aérienne américaine en Afghanistan

franceinfo : Quelle était l'importance réelle d'al-Zawahiri, sa capacité de nuisance ?

Wassim Nasr : On sous-estime souvent l'importance d'Ayman al-Zawahiri. C'était pourtant un personnage central qui résume à lui seul le jihad moderne. Il était un compagnon de Ben Laden, une tête pensante d'Al-Qaïda qui a réussi à maintenir de bonnes relations entre l'organisation djihadiste et les talibans, malgré la mort de Ben Laden.

"C'est aussi celui qui a permis à Al-Qaïda de survivre à l'État islamique et celui qui a échappé aux Américains pendant toutes ces années."

Wassim Nasr

à franceinfo

Il faut rappeler qu'Al-Qaïda est un groupe qui s'est beaucoup plus développé sous Zawahiri comme une "marque", une "franchise". On peut penser aux Shebab en Somalie et à Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et au Sahel. Il ne faut donc pas sous-estimer le personnage, qui n'était plus un opérationnel dans ses dernières années mais tout de même un stratège, un penseur du djihad moderne qui a toujours son impact sur la mouvance.

Que reste-t-il d'al-Qaïda aujourd'hui ?

Al-Qaïda aujourd'hui est dans une logique de territorialisation dans les dynamiques locales là où elle est. Ils ont subi beaucoup d'échecs, notamment en Syrie et au Yémen. Leur seule réussite stratégique récente est la filiale sahélienne d'AQMI connue comme le JNIM (Groupe de soutien à l'Islam et aux musulmans), à laquelle la France est confrontée depuis le début de l'opération Serval en 2013. Ils ont réussi au Sahel de manière politique : ils ont réussi à s'imbriquer dans le tissu social et économique, dans la dynamique locale.

Cela n'exclut pas qu'ils envisagent peut-être de commettre des attentats à l'étranger. Mais à l'heure où on parle, ils n'ont plus du tout les capacités qu'ils ont pu avoir lors du 11-Septembre. La dynamique est totalement différente et elle est aujourd'hui en compétition avec l'État Islamique. On ne sait pas qui sera le prochain chef mais sa personnalité aura des conséquences réelles sur les filiales d'al-Qaïda, et sur l'expansion du djihad mondial.

Avoir réussi à neutraliser ce cadre djihadiste sans présence américaine au sol, c'est une réussite pour Joe Biden ?

Le président américain met cela à son crédit, c'est évidemment une grosse prise. Mais c'est surtout dû à l'imprudence d'al-Zawahiri, de retour à Kaboul où il devait rencontrer sa famille.

"Ce qui est intéressant, c'est que le président Biden a pris toutes les précautions en amont de l'opération et même dans l'usage de l'arme : ce sont deux missiles d'un type nouveau qui ont frappé."

Wassim Nasr

à franceinfo

Il faut rappeler que c'est un quartier cossu de Kaboul, où Zawahiri avait élu résidence depuis plusieurs mois avec sa famille. Il n'y a en fait pas de charges explosives dans ces missiles mais des lames, et ce sont elles qui tuent la personne visée. Cela a été déjà utilisé en Syrie il y a deux ans à plusieurs reprises contre des chefs d'Al-Qaïda.

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