Tunisie : un leader de l'opposition, Mohamed Brahmi, assassiné par balles
Il était coordinateur général du Mouvement populaire et membre de l'Assemblée nationale constituante.
En Tunisie, le chef d'un parti d'opposition, le député Mohamed Brahmi, a été assassiné, jeudi 25 juillet, par balles, devant son domicile à Tunis. Mohamed Brahmi était coordinateur général du Mouvement populaire et membre de l'Assemblée nationale constituante (ANC).
"Son corps a été criblé de balles devant son épouse et ses enfants", a déclaré, en pleurs, à la radio, Mohsen Nabti, membre du bureau politique du Mouvement populaire, une petite formation de gauche. La télévision Watanya a précisé que Mohamed Brahmi avait été abattu par onze balles tirées à bout portant par des inconnus.
Des réactions indignées
L'assassinat de Mohamed Brahmi a immédiatement suscité de nombreuses réactions. Sur Twitter, un journaliste de France 24 a posté une photo d'un rassemblement spontané devant l'hôpital où se trouve le corps de l'homme politique. Il indique que la foule accuse notamment Ennahda, le parti islamiste au pouvoir.
Devant l'hôpital, une foule demande "la chute du régime" et accuse Ennahda #Tunisie pic.twitter.com/OHa5vp6Ix1
— David Thomson (@_DavidThomson) July 25, 2013
Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées dans la capitale tunisienne, devant le ministère de l'Intérieur, exigeant la démission du gouvernement dominé par les islamistes.
Des centaines de personnes sont également descendues dans la rue à Sidi Bouzid, d'où était partie la "Révolution de jasmin" en décembre 2010. "Les gens ont bloqué des rues et mis le feu à des pneus", a rapporté un habitant, interrogé par Reuters.
Le président tunisien le compare au meurtre de Chokri Belaïd
En février, une autre figure de l'opposition avait été tuée. La mort de Chokri Belaïd, chef du parti des Patriotes démocrates, avait déclenché de violentes manifestations dans la capitale et dans d'autres villes du pays et suscité une crise politique mettant en lumière les divisions au sein du parti au pouvoir.
Dans une interview au Monde daté du vendredi 26 juillet, le président tunisien, Moncef Marzouki, accuse lui aussi ceux qui ont tué Chokri Belaïd d'être derrière le meurtre de Mohamed Brahmi. "Nous étions justement en train de finir d'élucider l'assassinat de Chokri Belaïd et nous avions déjà une idée là-dessus, dit-il. Les assassins commencent à paniquer. Ils voulaient faire diversion avec une autre affaire."
La veuve de Chokri Belaïd avait accusé le parti Ennahda d'avoir fomenté l'assassinat de son mari. Des accusations nuancées par Vincent Geisser, chercheur à l'Institut français du Proche-Orient, interrogé à l'époque par francetv info : "La Tunisie n'est pas un pays qui a une tradition d'assassinats politiques. Mais ce meurtre prémédité et bien organisé comporte tout de même une dimension politique. Il est possible qu'il faille chercher les coupables parmi les militants radicaux d'Ennahda".
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