Violences en Tunisie : le pays "est dans une position fragile"
La Tunisie connaĂźt une nouvelle pĂ©riode dâĂ©meutes dans plusieurs villes du pays. Pour Sophie Bessis, chercheuse associĂ©e Ă l'IRIS, la classe politique tunisienne s'est rĂ©vĂ©lĂ©e "incapable de mettre au point un plan Ă long terme", fragilisant le pays.
Depuis plusieurs jours des violences ont Ă©clatĂ© en Tunisie. Le pays Ă l'initiative des Printemps arabes en 2011 connaĂźt une nouvelle pĂ©riode d'Ă©meutes dans plusieurs villes du pays. Une colĂšre nĂ©e de l'augmentation des prix et de la hausse des taxes. Depuis mercredi 10 janvier, plus de 300 personnes ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©es. "La Tunisie est dans une position fragile, ses fondamentaux Ă©conomiques et sociaux sont d'une trĂšs grande fragilitĂ© et sa classe politique s'est rĂ©vĂ©lĂ©e incapable de mettre au point un plan Ă long terme", analyse, jeudi 11 janvier sur franceinfo, Sophie Bessis, chercheuse associĂ©e Ă l'IRIS, spĂ©cialiste du Maghreb.
franceinfo : Chaque année depuis 2011, des manifestations ont lieu en janvier. Pourquoi celles-ci ont pris une telle ampleur ?
Sophie Bessis : Il y a plusieurs raisons. Il y a Ă©videmment une dĂ©sespĂ©rance de la population. On assiste depuis plusieurs annĂ©es Ă une dĂ©gradation des fondamentaux Ă©conomiques et sociaux. Cependant, les Ă©meutes auxquelles on assiste aujourd'hui ont un "cĂŽtĂ© manipulĂ©" dont il faut tenir compte. Incontestablement, certains aspects de cette loi finances dĂ©range les intĂ©rĂȘts de certains lobbies qui importent beaucoup. En Tunisie, une grande partie de l'Ă©conomie est une Ă©conomie parallĂšle. Dans un certain nombre de rĂ©gions, les directeurs de cette Ă©conomie parallĂšle ont tout intĂ©rĂȘt que l'on proteste contre des taxes qui leurs portent prĂ©judice.
Ces manifestations sont-elles seulement citoyennes ?
Il y a des gens qui se révoltent contre cette dégradation des conditions sociales de la population mais quand on voit les pillages, les destructions, ce ne sont pas que des manifestations citoyennes. Je ne blanchis pas le gouvernement mais une partie des manifestants sont des casseurs et des pilleurs, qui s'attaquent à des banques, des synagogues.
Est-ce que ces manifestations sont de nature à s'embraser et à déstabiliser encore un peu plus la Tunisie ?
La Tunisie est dans une position fragile, ses fondamentaux Ă©conomiques et sociaux sont d'une trĂšs grande fragilitĂ© et sa classe politique s'est rĂ©vĂ©lĂ©e incapable de mettre au point un plan Ă long terme. Le pays doit faire des sacrifices, dans la mesure oĂč il a vĂ©cu au-dessus de ses moyens ces derniĂšres annĂ©es sans rĂ©soudre aucun problĂšme social. Le problĂšme est de savoir qui va payer ces sacrifices, quelle couche sociale ? Or, aujourd'hui, les diffĂ©rents partis qui composent la classe politique sont des partis de lobby et pas des partis capables de prendre la situation en main et de rĂ©flĂ©chir sur la façon de sortir la Tunisie de l'orniĂšre.
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