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Turquie : les étudiants fêtent leur première victoire sur le pouvoir

Après plus de 24 heures d'affrontements, parfois violents, avec la police, des milliers de manifestants ont célébré samedi après-midi la reconquête de la place Taksim, au cœur d'Istanbul. Juste avant, le Premier ministre Erdogan avait ordonné le retrait des forces de l'ordre, lâchant du lest face à la détermination des étudiants contestataires.
Article rédigé par Gilles Halais
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
  (Umit Bektas Reuters)

Les uns chantent à tue-tête
l'Internationale, les autres tapent dans leurs mains ou dansent. Après les
volutes irritantes des gaz lacrymogènes, c'est un parfum de victoire
qui a envahi samedi après-midi, et dans la nuit de samedi à dimanche, la place Taksim, au cœur d'Istanbul. Car peu avant, le Premier ministre Erdogan avait admis les violences policières
et demandé aux forces de l'ordre de se retirer, après plus de 24 heures
d'affrontements qui ont embrasé le centre de la mégapole turque.

Le mouvement spontané avait
commencé vendredi à l'aube
, avec l'intervention musclée de la police pour
déloger quelques centaines de militants qui occupaient depuis trois jours le
parc Gezi, sur la place Taksim. Le gouvernement prévoit d'y raser les 600
arbres dans le cadre d'un projet de rénovation urbaine très contesté.

Rapidement, c'est toute la politique d'Erdogan, au pouvoir depuis onze ans en
Turquie, qui a été dénoncée. Si le revenu par habitant a triplé depuis 2002,
Recep Tayyip Erdogan est accusé de dérives autoritaires et de vouloir
"islamiser" le pays.

Guerre déclarée au gouvernement

Vendredi soir, la contestation
s'est propagée à d'autres villes : Izmir, Antalya et Ankara, la capitale.
L'opposition au gouvernement islamo-conservateur s'est jointe au mouvement et
des voix discordantes se sont fait entendre au sein même de la majorité. Aucun bilan officiel de ces affrontements n'a été publié, mais Amnesty
International évoque plus d'une centaine de blessés. Des dizaines de personnes
auraient été interpellées. Les incidents se sont poursuivis dans la nuit de samedi à dimanche, autour des bureaux du Premier ministre.

Si les manifestants fêtaient samedi
soir leur première victoire sur le pouvoir en place, ils sont conscients de ne
pas avoir gagné la guerre déclarée au gouvernement, qui ne lâche pas pour l'instant son idée d'abattre des centaines d'arbres au centre d'Istanbul pour mener à bien le projet d'aménagement urbain contesté.

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