Turquie : une "purge assez impressionnante" après le coup d'Etat manqué
Spécialiste de la Turquie contemporaine, le professeur Jean Marcou s'attendait à une répression de la part du gouvernement mais pas à ce point. Il juge que la purge est "assez impressionnante," car elle est beaucoup plus large en touchant "des magistrats". "Ce qui est l'équivalent de notre conseil de la magistrature a prononcé la mise à pied de près de 3.000 magistrats qui ont été emprisonnés. On observe l'arrestation de deux juges de la cour du Conseil constitutionnel, de nombreux juges du Conseil d'Etat, et également de la Cour de cassation."
"Ce coup d'Etat débouche sur une sorte d'unanimité suspecte" - Jean Marcou
La stratégie du président de la République Recep Tayyip Erdogan ressemble davantage à une vengeance. Pour le spécialiste de la Turquie contemporaine, "on sent qu'Erdogan, notamment dans la magistrature, est en train de se débarrasser des personnes qui l'avaient gêné ces dernières années. Ce coup d'Etat débouche sur une sorte d'unanimité assez suspecte puisque les partis d'opposition ont appelé au respect de l'ordre constitutionnel."
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Concernant la modalité du coup d'Etat, celui-ci paraît avoir été mal préparé. Pour Jean Marcou, "ce coup d'Etat est très diffèrent des autres car c'est celui d'une fraction de l'armée. On a vu apparaître, d'une certaine manière, une armée divisée, un peu comme peut l'être la société turque. Ce coup d'Etat a été probablement précipité. On note un certain nombre d'improvisations qui explique cet effet assez rapide."
La tentative d'Etat a fait officiellement au moins 290 morts, dont plus de 100 putschistes.
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