Turquie : la valeur de la monnaie s'effondre, Erdogan exhorte ses concitoyens à échanger leurs devises étrangères contre des livres turques
La livre turque, qui a perdu près de la moitié de sa valeur face au dollar depuis le début de l'année, a enregistré une baisse vertigineuse jusqu'à des plus bas historiques.
"Si vous avez des dollars, des euros ou de l'or sous votre oreiller, allez dans les banques pour les échanger contre des livres turques. C'est une lutte nationale". A l'occasion d'un discours à prononcé à Bayburt (nord-est), le président turc Recep Tayyip Erdogan a appelé vendredi 10 août ses concitoyens à soutenir leur devise, dont la valeur a plongé dans un contexte économique rendu explosif par une crise diplomatique entre Ankara et Washington.
Erdogan évoque une "guerre économique" contre Trump
La livre turque, qui a perdu près de la moitié de sa valeur face au billet vert depuis le début de l'année, a enregistré une baisse vertigineuse jusqu'à des plus bas historiques. Elle s'échangeait à 6,43 livres pour un dollar à la clôture vendredi de Wall Street, soit une baisse de 13,7% après avoir perdu jusqu'à 24% au cours de la journée.
La devise turque connaît une érosion inexorable depuis plusieurs années, mais l'hémorragie s'est aggravée ces derniers jours. En cause : la détention en Turquie d'un pasteur américain accusé d'espionnage par Ankara. En représailles, Donald Trump a annoncé une hausse des taxes à l'importation sur l'acier et l'aluminium turcs, désormais de 50% et 20% respectivement. De quoi susciter l'ire de Recep Tayyip Erdogan, qui a affirmé qu'il sortirait vainqueur de cette "guerre économique".
Les marchés inquiets d'un "effet de contagion" en Europe
La crise turque a envoyé une onde de choc planétaire, entraînant dans son sillage les principales Bourses européennes qui ont toutes clôturé dans le rouge vendredi, touchant particulièrement le secteur bancaire. La chute de la livre "montre que les investisseurs sont de plus en plus inquiets de l'imminence d'une crise monétaire totale", a souligné dans une note David Cheetham, analyste chez le courtier XTB.
Les préoccupations du marché à l'égard de la livre sont liées aux inquiétudes quant à un possible effet de contagion.
Patrick O'Hare, analyste financier chez Briefingà l'AFP
Interrogé par l'AFP, William De Wijlder, chef économiste chez BNP Paribas, s'est voulu plus rassurant. "La dynamique est propre à la Turquie", a-t-il souligné. "Ici, c'est propre à un pays individuel, ce qui veut aussi que cela peut se calmer, pour autant que le pays finisse par prendre les mesures qui s'imposent".
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