: Vidéo Guerre en Ukraine : comment le président turc Recep Tayyip Erdoğan est devenu un allié de Vladimir Poutine
Il se pose en médiateur sur la scène internationale depuis que la guerre fait rage entre la Russie et l'Ukraine. Malgré la confiance toute relative que lui accorde l'Occident, le président turc Recep Tayyip Erdoğan, autocrate avéré, est devenu un interlocuteur incontournable, du fait de la position stratégique de son pays et de ses relations privilégiées avec Moscou. "Qui, à part lui, peut parler à Poutine et Zelensky à la fois ?" affirme un ancien député turc qui témoigne dans le documentaire intitulé Erdogan, la revanche du sultan, réalisé par Romain Besnainou et diffusé dimanche 22 octobre sur France 5.
Le film revient sur le passé et l'évolution politique de l'homme fort d'Ankara et révèle ses rêves de grandeur et sa volonté de placer la Turquie au centre du monde. Le documentaire explique également pourquoi Recep Tayyip Erdoğan s'est rapproché de Vladimir Poutine.
Les liens avec Vladimir Poutine
En juillet 2016, un coup d'Etat mené par une faction des Forces armées turques tente de renverser Recep Tayyip Erdoğan. Le putsch échoue et pousse le dirigeant turc, qui reprend avec autorité les rênes du pays, à opérer une immense purge dans l'administration, les médias, des entreprises privées, mais également au niveau diplomatique. Car la communauté internationale ne s'émeut guère de la tentative de déstabilisation du Reis (« capitaine » en turc ottoman), comme l'appellent ses plus fervents partisans.
"Les pays européens et les Etats-Unis n'ont pas apporté leur soutien à Erdogan quand il a failli perdre le pouvoir."
Hannah Lucinda Smith, correspondante du "Times" à IstanbulDans le documentaire "Erdogan, la revanche du sultan"
Recep Tayyip Erdoğan est persuadé que les Etats-Unis sont responsables de cette tentative de coup d'Etat. "Il faut rappeler que Washington a été le dernier pays à saluer le rétablissement d'Erdoğan au pouvoir", précise dans le documentaire l'historien et essayiste Jean-François Colosimo. Le premier chef d'Etat à soutenir immédiatement et sans réserve le président turc se nomme Vladimir Poutine. Dès lors, les deux hommes vont être plus soudés que jamais. "Il y a une thèse assez sérieuse, poursuit Jean-François Colosimo, selon laquelle c'est Vladimir Poutine qui aurait prévenu Recep Tayyip Erdoğan de l'imminence de ce coup d'Etat."
Achat de missiles russes
Peu de temps après, l'homme fort d'Ankara annonce qu'il souhaite acheter des missiles de défense antiaériens S-400 à la Russie, une façon de remercier Vladimir Poutine, de s'assurer le soutien russe contre les rebelles kurdes le long de sa frontière avec la Syrie, mais surtout d'infliger un véritable camouflet aux Etats-Unis et au reste de l'Otan, dont la Turquie est membre depuis 1952. "La sortie de la Turquie du système des missiles américains pour rentrer dans le système des missiles russes a fait l'effet d'une bombe", rapporte Samim Akgönül, directeur du département des études turques à l'université de Strasbourg. Malgré la menace de sanctions des Etats-Unis envers la Turquie, Erdoğan maintient sa commande de missiles russes, renforçant ainsi ses liens avec le Kremlin.
"Cela a suscité de nombreuses inquiétudes à l'Otan, livre Hannah Lucinda Smith dans le documentaire. Comment être sûr qu'il ne fera pas fuiter des renseignements militaires à la Russie ? Erdoğan se croit tout permis. Il sait que l'on ne peut plus se passer de lui." Rien ne semble en effet arrêter les rêves de grandeur de Recep Tayyip Erdoğan, qui a réussi à se faire une place sur l'échiquier politique mondial et qui ambitionne de redonner à la Turquie son rang comme à l'époque de l'Empire ottoman.
Le documentaire Erdogan, la revanche du sultan, réalisé par Romain Besnainou, est diffusé dimanche 22 octobre à 21 heures sur France 5, et disponible sur france.tv.
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